Nous sommes confronté·e·s à un écart croissant entre vie politique instituée et une part grandissante d’hommes et de femmes ? Passivité ? Ou au contraire, une perte de confiance dans un système clos confiscatoire ? Les tendances électorales qui sont lourdes de conséquences sont-elles le reflet de la réalité ?
Des colères et mouvements profonds restent inaboutis. Pour qu’ils dépassent leurs limites faut-il les pousser à soutenir des forces politiques traditionnelles ? Est-ce possible ? La finalité et le fonctionnement de ces partis ne sont-ils pas ce que rejettent nombre de celles et ceux qui sont engagé·e·s dans des pratiques alternatives ? Ces dernier·e·s n’ont-ils pas le sentiment que ces structures pensent et parlent en leur nom et à leur place ? Est-ce circonstanciel ou plus fondamentalement lié à un changement d’époque ? Quel avenir ont ces structures ? Ou le moins difficile ne serait-il pas de renverser l’ordre des choses en prenant en compte la volonté des intéressé·e·s à maîtriser leurs combats ? Quelle dynamique peut-elle ouvrir sur la construction de perspectives alternatives au capitalisme ? Si les syndicats unis ont été porteurs de la colère populaire, ils sont aussi confrontés à la question du dépassement du capitalisme et celle de contribuer à produire une alternative.
Si la transformation de la société ne peut se limiter à l’addition d’initiatives locales, quels contours avancer pour un autre fonctionnement et une émancipation de la société ? But et cheminement peuvent-ils être de nature différente ? S’organiser collectivement suscite quelles conceptions nouvelles de l’organisation ? Qui seraient alors les sujets de la construction d’une alternative globale ? Existe-t-il déjà des germes à développer ?
L’urgence de la réappropriation
de la politique par toutes et tous
Remercions ici les auteurs et autrices de ce dossier, le sujet est ardu mais il est tellement urgent de se le coltiner sans détour sous peine de prendre des raccourcis qui ne nous mèneront nulle part et accentueront le sentiment d’impuissance.
Bruno Dellasudda prend le sujet à bras le corps en défendant l’idée d’une nécessaire transformation profonde des forces politiques et plaide pour un nouveau type de force politique, un parti-mouvement.
Pour Alternative Communiste, Patrice Leclerc s’interroge aussi sur l’échec des partis de gauche et l’échec du Parti Communiste : transformation/création par la critique de l’existant, alignement des buts et des moyens, dispute démocratique dans et hors des structures doivent selon lui nourrir un processus de métissage des cultures politiques.
Adèle Tellez considère le syndicat comme un outil essentiel pour l’action politique. Jean-Christophe Le Duigou plaide pour de nouvelles formes de mises en commun entre mouvement social, partis, État.
Gérard Bras interroge les concepts de Peuple(s) et de Classe(s). Pour lui la question politique décisive est d’entendre et développer les expériences de la démocratie par le bas, indépendantes des stratégies électorales. Patrick Vassallo lui emboîte le pas en prônant le divorce entre la conquête du pouvoir institutionnel et la politique.
Richard Abauzit a occupé les ronds-points avec les gilets jaunes. Il défend l’idée de ne pas séparer la pensée et l’action, le but et le chemin, ainsi que la nécessité de créer des liens et de partager des plaisirs dans l’action politique.
Corinne Lepage fait un pas de côté et s’émancipe des questions posées pour mieux y revenir et d’interroger la « manière dont on habite notre corps qui n’est pas sans influencer la manière dont on pense ». Et l’insurrection viendra ?
Enfin, André Pacco a animé un débat entre Yannis Youlountas militant libertaire et Pierre Zarka militant communiste et membre de l’équipe de Cerises. André, Catherine et Olivier ont décrypté et résumé ce riche entretien. De la diversité des cultures politiques comme le souhaite Patrice Leclerc, à la construction d’un consensus il n’y a qu’un pas…
Chaque manifestation étant le signe d’une appropriation citoyenne de la politique, les photos des manifestations contre la loi Immigration de Serge d’Ignazzio illustrent ce dossier.
Bonne lecture
L’équipe de rédaction
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