Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Politique : ce concubinage gangrenant avec les pouvoirs

Immanquablement, dès qu’on parle « politique », c’est d’élections, de sièges, d’influence, bref de pouvoir, dont il est question.

Nous avons un vrai souci avec la façon dont la politique est conçue. Soit comme c’est dit couramment, la Politique c’est une question de pouvoir, de stratégie, de prendre position, de construire des rapports de forces, des pré-carrés et se justifie alors que « la fin justifie les moyens ». Et la politique est réduite aux enjeux électoraux et corsetée par leurs échéances. Ou bien il s’agit de construire une autogestion du « vivre ensemble », de la cité commune, du « faire société ». Concevons alors qu’il n’appartient plus aux organisations de gouverner, mais aux populations de s’y organiser.

Plus le fossé s’élargit entre la population et « la politique », plus recule une « pensée collective, plus confusions et obscurantisme prennent emprise sur le débat public et la démocratie.

Or plus que jamais n’avons-nous pas besoin d’élaborer le plus collectivement possible des propositions politiques, de produire une visée alternative, pas seulement au gouvernement, à la mairie ou au président de ceci-cela ? Une visée alternative au capitalisme, un renversement des fondements et des principes. Plus que jamais il s’avère indispensable de prendre en compte que les forces du capital ne demeurent pas immobiles mais travaillent à d’autres données de la vie politique pour brouiller encore davantage les pistes.

Comment réussir une telle démarche sans prendre nos distances avec les pouvoirs et les prés carrés ? Sans choisir radicalement une voie qui parte « des gens », des plus exclus/es en priorité et qui bâtisse pas à pas un « corpus » cohérent de ce vers quoi nous voulons tendre ? Sans ébaucher une visée qui fasse société, qui indique les grandes lignes fondatrices d’un nouveau vivre-ensemble, émergeant de pratiques déjà réelles. Sans ouvrir des utopies concrètes qui sortent du replâtrage à la petite semaine, de la réforme d’urgence ou de l’incantation qui justifie la colère et, partant, l’incapacité de faire ?

Si nous savons vers quelle alternative nous entendons aller, nous pouvons éviter deux écueils : la réforme ménageant la chèvre et le chou, parce que « c’est quand même mieux pour les gens ». Mais ça ne dure pas !  Et l’extrémisme verbal, la virulence justifiée (il y en a tant qui ne s’indignent pas ou plus…) qui ne porte aucune amélioration concrète.

La question électorale, de la conquête de pouvoirs, prendrait alors un autre sens : un point d’appui à ces mobilisations. Le pouvoir non comme une fin en soi mais comme le moyen des fins alternatives.  La politique comme partage de sens, pas celui des sièges et des financements publics.

Le concubinage avancé entre pouvoir et politique fait la part belle au monde des affaires et à la classe du capitalisme mondialisé. Redonner sens à l’action publique et à la mobilisation politique pourrait-elle ménager ces puissances, peu remises en question par le partage des lieux de pouvoirs mais forcément bousculées par le partage des richesses et du « faire société ».

Peut-on voir par là une chance de revivifier la question communiste, d’y redonner couleur ?

Patrick Vassallo

Cet article fait partie du dossier :

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