Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

L’avenir est en bas à gauche !

« La gauche » traverse une crise historique à peu près partout où le régime politique permet de parler de gauche et de droite.  Cette crise prend dans chaque pays des formes spécifiques mais renvoie à deux séries de causes.

Sur le plan idéologique, le double échec de la gauche du 20ème siècle, communiste et social-démocrate, à réaliser où que ce soit l’objectif qu’elle avait hérité du mouvement ouvrier d’une rupture avec le capitalisme, a privé la gauche de son projet de société. S’ajoute une perte de confiance en la gauche par son impuissance concrète d’aujourd’hui. Depuis un demi-siècle, elle n’a pas réussi à améliorer ni même à empêcher une détérioration des conditions de vie et de travail des classes populaires. Elle est incapable de faire prévaloir des solutions à la terrifiante crise climatique qui menace l’humanité.

Un échec qu’il faudrait aussi analyser par le caractère confiscatoire de la révolution par les organisations de gauche et singulièrement communistes, comme le montre Michèle Riot-Sarcey dans son ouvrage “L’émancipation entravée”. “C’est pourquoi l’utopie réelle relève moins des textes et des théories que des pratiques et des expériences concrètes” écrit-elle. C’est là certainement le point faible des forces politiques traditionnelles qui se sont formées selon le modèle bolchevik pour “frapper ensemble” plus que pour expérimenter, inventer, développer des pratiques nouvelles au plus près du terrain, analyser ce que produit ou pas l’expérimentation singulière.

Peut-être assistons-nous à un renversement de pensée et d’action des communistes par celles et ceux qui théorisent et pratiquent le “communisme déjà là » ? Peut-être que c’est ce que recherchent celles et ceux qui sont engagées dans des pratiques alternatives : la capacité à produire de l’expérimentation alternative, de l’analyse pour se renforcer des réussites comme des échecs ?

Si « la forme, c’est le fond qui remonte à la surface » (Victor Hugo), il faut donc mieux travailler le fond, rendre plus explicite l’objet de l’association ou des associations de femmes et d’hommes qui entendent changer l’ordre des choses existantes. Les partis sont une part des choses existantes. Leur transformation/création se fera par la critique de l’existant, l’expérimentation, l’alignement des buts et des moyens, la dispute démocratique dans et en dehors des structures.

Le métissage des cultures politiques transformatrices est aujourd’hui un atout pour avancer. Il peut se réaliser en fédérant les expériences, les initiatives, les énergies en proximité. L’expérience de la France insoumise montre qu’une organisation non démocratique peut être attractive par son projet mais ne tient pas dans la durée si la vie interne n’est pas en adéquation avec celui-ci. A l’inverse le PCF peut avoir des règles démocratiques qui ne correspondent pas au but d’émancipation personnelle et collective.

L’enjeu démocratique repose sur une culture assumée de l’exigence individuelle et collective démocratique. Elle est indispensable pour développer l’action sur le terrain et dans des moments “fédérateurs” à des échelles territoriale de la commune à l’international. Le courant communiste aurait ses rôles à jouer pour contribuer, partager des expériences et des analyses, chercher l’altérité qui enrichit.

Patrice Leclerc
Pour la coordination d’Alternative communiste

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