Il y a de quoi parfois désespérer Billancourt comme dirait l’autre…
10,7 millions de bulletins RN à l’occasion des élections législatives de juin dernier au second tour, le groupe de députés le plus important à l’Assemblée nationale, les thématiques chères à l’extrême droite chaque jour à la Une des médias main-stream…
Pourtant, cette réalité cauchemardesque ne cache-t-elle pas dans les profondeurs de la société une autre réalité que les forces réactionnaires tentent à tout prix de travestir ?
Avec la participation de Vincent Tiberj et Magali Della Sudda, l’équipe de rédaction de Cerises tente d’y voir plus clair. Et ça vaut le coup de prendre le temps d’y regarder à deux fois.
État des lieux et points d’appui
Pendant plus de de 30 ans, de l’après-guerre à la fin des années 1970, le capitalisme a passé « un compromis » historique avec le monde du travail pour la redistribution des richesses, la sécurité sociale et le développement des services publics. Les droits et les libertés ont progressé dans un contexte néocolonial structurant les inégalités et le racisme systémique.
Ce compromis a volé en éclat et nous assistons aujourd’hui à un « retour de bâton » conservateur qui remet en cause tous ces acquis économiques sociaux et culturels – retour de bâton que la majorité de la population subit de plein fouet. Nous sommes amenés à nous poser plusieurs questions.
Un « glissement à droite » de la société existe-il ? Si oui en quoi consiste-t-il ?
Dans un ouvrage récent[1] Vincent Tiberj constate un décalage entre une droitisation de la société par le haut (partis politiques, média, votes) et les opinions des citoyens qui semblent attachés majoritairement au système redistributif et à des valeurs de tolérance et d’ouverture. Comment expliquer cette contradiction ?
Si l’on observe ce qui se passe du côté du système représentatif, de plus en plus de citoyens se détournent des partis politiques et des urnes. Est-ce un renoncement à la politique ou bien un refus de l’offre politique et un changement de culture civique ?
Dans le même temps, les gens qui luttent « hors système » se multiplient. Mais comment dans ce contexte poser la question de la transformation de l’ensemble de la société ?
Par conséquent, quelles sont les perspectives souhaitables, existent-ils des points d’appuis ? Quelles stratégies pour les exploiter ?
Pour en débattre, Cerises a invité Vincent Tiberj professeur en sociologie politique, Magali Della Sudda Directrice de recherche au CNRS, Bruno Piriou Maire de Corbeil Essonnes, Simon Duteil syndicaliste Solidaires, Antoine Guérard militant écologiste, avec une partie de l’équipe de rédaction de Cerises, Pierre Zarka qui a animé la table ronde, Bénédicte Goussault, Patrick Vassallo, Makan Rafatdjou, et pour la technique André Pacco, et Sylvie Larue.
Richard Abauzit qui a participé au mouvement des Gilets Jaunes à Montpellier et Benoît Teste secrétaire général de la FSU ne pouvaient être présents à la table ronde, ils ont bien voulu nous apporter leurs réflexions dans une contribution écrite.
En introduisant nos échanges, Vincent Tiberj et Magali Della Sudda ont nourri notre réflexion par leurs travaux, le débat qui a suivi a été riche et nous sommes loin d’avoir épuisé le sujet. Cependant si déjà tous ceux et toutes celles qui luttent pour transformer la société étaient convaincu·es que l’état des lieux n’était pas si noir qu’on pourrait le penser, on avancerait plus vite ?
[1]. La Droitisation française, mythe et réalités ? PUF septembre 2024
Le comité de rédaction
Image : ©Cerises
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