Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Le glissement à l’extrême droite n’est pas inéluctable

Les syndicats sont à un point d’observation intéressant à double titre : l’état d’esprit sur les lieux de travail, et ce que nous pouvons tirer comme leçons de nos relations aux usagers, aux élèves, etc. De ce point de vue, on a à la fois l’impression que nos idées sont majoritaires, qu’il y a même un quasi consensus autour de l’idée qu’il faut des services publics, qu’il faut de bons emplois, de bonnes retraites, qu’il faut des politiques qui préservent la planète, que les valeurs inclusives, antiracistes, pour les droits des femmes et des minorités progressent globalement. Mais d’un autre côté on a l’impression que la droite conservatrice et l’extrême droite, ayant fait l’analyse de cela, arrivent paradoxalement à le capter à leur profit. Le moment de lutte contre la réforme des retraites est de ce point de vue éclairant : au tout début une certaine prise des arguments néolibéraux autour du « on ne peut pas faire autrement » que de dégrader les retraites. C’est la phase néolibérale, avec des média qui diffusent la doxa gouvernementale alors que le contre-discours, le nôtre, est inaudible. Puis, au fur et à mesure que le mouvement monte en puissance en particulier par des manifestations massives, une opinion qui tourne, pose les questions du travail et de la répartition des richesses, et à ce moment-là une montée des idées de gauche dans toute la société. Et, 3° temps, tout de suite après le mouvement le sentiment de se heurter à un mur quand bien même on mène des actions collectives fortes, cela fait progresser l’extrême droite.

Nous pouvons en tirer comme conclusion que l’extrême droite est forte des faiblesses du collectif. Et qu’il ne suffit pas que nos idées soient majoritaires, encore faut-il qu’elles soient crédibles et qu’elles s’appuient sur des réalités du quotidien des gens, qu’elles s’ancrent concrètement dans le réel.

Donc la feuille de route pour les temps qui viennent : faire du collectif. Développer la syndicalisation au plus près des salarié-es (la proximité avec une organisation syndicale modifie le comportement électoral et diminue le vote en faveur de l’extrême droite), augmenter notre capacité de lutte contre l’extrême droite, ses idées et ses pratiques par des actions de type “éducation populaire” dans les milieux professionnels, et, particularité de l’implantation syndicale FSU, en direction des usager·es des services publics. Deux axes forts de cette campagne de proximité sont à mener de front : mettre en lumière l’imposture économique et sociale des partis d’extrême droite et déconstruire le racisme (avec la « préférence nationale » comme principe), lequel divise le monde du travail.

La FSU se donne pour objectif la construction de cadres unitaires larges pour lutter dans la durée contre l’extrême droite à l’instar du travail unitaire déjà mené dans l’éducation comme dans Vigilance et Initiatives Syndicales Antifascistes (VISA), association unitaire à laquelle nombre de syndicats et sections départementales de la FSU adhèrent. Cela débouchera sur la construction d’actions de formations syndicales, de documents à destination des salarié·es, d’initiatives publiques…

Enfin, il faut dessiner d’autres perspectives, mêlant mobilisations syndicales pour nos revendications et construction d’alternatives sociales, économiques et écologiques permettant de lutter contre les inégalités.

L’arrivée au pouvoir de l’extrême droite n’est en rien inéluctable et la FSU avec le mouvement syndical prendra toute sa part pour conjurer cette perspective.

Benoît Teste,
secrétaire général de la FSU

 

Image : ©FSU

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