Une lame de fond traverse la pays. L’illégitimité du gouvernement, du président est devenue insupportable, comme la répression et les atteintes aux libertés.
Est-il possible à partir de ce qui s’exprime dans les manifestations et les actions aux formes diverses, que le mouvement investisse davantage le champ de l’alternative ? Comment construire une souveraineté populaire ? Redonner du sens au mot démocratie ?
Construire la citoyenneté populaire
Le mouvement populaire que nous vivons depuis le début de l’année a des racines bien plus anciennes (Nuit Debout, les Gilets Jaunes, mouvement social de décembre 2019/janvier 2020 contre la réforme des retraites à points etc…). Ce mouvement populaire exprime une contestation de l’ordre établi et des politiques néolibérales tant sur la question du travail, du sens et des finalités du travail, de la remise en cause du lien de subordination et des logiques managériales dont la seule boussole est le profit versé aux actionnaires. Ce mouvement dit aussi avec force et dans de larges couches de la société le fait que toute activité économique doit à l’avenir être soucieuse des êtres humains et de l’avenir de la planète.
Nombre de commentateurs ne cessent d’évoquer qu’il y aurait deux légitimités : celle des urnes et celle du peuple. Cette distinction en dit long. Comme nous le disions dans le dernier éditorial : « La rébellion nationale contre l’allongement du temps de travail affronte la dimension antidémocratique de la Ve République. 70% de la population dont 90% des actifs et actives rejettent le projet Macronien. Sénat et Assemblée Nationale l’adoptent néanmoins, illustrant l’usure de la notion de « représentation » du peuple. Macron confirme laissant suinter sa peur « la foule qui manifeste n’a pas de légitimité face au peuple qui s’exprime à travers ses élus ».
L’illégitime, c’est l’acte parlementaire échappant à la validation populaire. De fait, le mouvement populaire n’est pas que mouvement social.
Ne peut-on pas inventer les outils qui construiront la citoyenneté populaire ? Mettre en débat le rôle et le statut des élus/es de la République, de ces administrations et cabinets conseil et autres sachants périphériques ? Proposer que les élus/es, plutôt que se considérer comme « représentants/tes » : des citoyennes/s deviennent réellement leurs porte-paroles ?
Créer les conditions d’une République sociale et démocratique voilà ce qui est posé aujourd’hui avec force. Cela suppose d’empêcher aussi les forces du capitalisme financier d’imposer leurs conditions. Créer les conditions d’une véritable souveraineté populaire est un défi immense. Donner du sens politique au mot démocratie voilà une gageure que nous devons relever.
A partir de ce qu’expriment les manifs, les pancartes, nombre de propos et hier nombre d’abstentions, est-il possible d’envisager que le mouvement commence à investir davantage le champ de l’alternative sans attendre que quiconque le fasse à sa place ?
Dans ce dossier, Jean-Louis Sagot-Duvauroux, Corinne Lepage, Alain Bertho reviennent sur les processus en cours dans le mouvement, sur ce qu’il révèle, sur ce qui fermente et sur ce qu’il faut encore construire. Bénédicte Goussault, Pierre Zarka, Daniel Rome, Ophélie Gath commencent à explorer les voies du dépassement de la démocratie représentative.
Si vous voulez poursuivre le débat, rendez-vous à la coopérative de débat sur le site de Cerises.
La rédaction
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