Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Démo-cratie = exercice concret du pouvoir par le peuple

49-3, Conseil Constitutionnel on nous dit que la démocratie parlementaire est mise à mal. Ah bon ? Parce qu’avant le Parlement était fidèle aux aspirations des citoyen.nes ? Existe-t-il dans l’Histoire et sur la planète un système institutionnel qui ait été durablement fidèle aux aspirations des citoyen/es ? Soit le genre humain est frappé d’une poisse universelle soit ce système représentatif n’est pas réellement démocratique. De fait, une fois élu/es, « les représentant/es » bénéficient d’une indépendance vis-à-vis de leurs mandants et le « contrôle » vient par définition après-coup. Les citoyen/es, sont souverain/es le temps passé dans un isoloir pour désigner les maîtres auxquels ils devront ensuite obéir. Et lorsque des mouvements appellent à la « désobéissance civile », cela dit combien la démocratie comme expression directe du peuple n’est pas dans la norme. Déjà l’extension des abstentions était significative et l’expérience actuelle est comme la goutte qui fait déborder le vase de la défiance envers les institutions.

Des commentateurs évoquent qu’il y aurait deux légitimités : celle des urnes et celle du peuple.  Distinguo schizophrène ! 

Nous changeons d’époque et même de dimension anthropologique. De l’aube de l’humanité jusqu’aux années soixante-dix du siècle dernier, le travail a reposé sur le fait que la conceptualisation (donc le commandement) et l’exécution ne pouvaient être assurés par les mêmes personnes. C’était le creuset des société fondées sur des rapports de domination et d’exploitation. Aujourd’hui, la subjectivité et la prise de responsabilité de la personne sont de plus en plus requises. Et si l’organisation de la société ne suit pas, plus rien ne fonctionne. Cette distorsion est à l’origine profonde à la fois de la crise du travail et de la crise de la démocratie actuelles.

Un nouveau rapport du Je au Nous recouvre toutes les pratiques sociales. On le voit avec le mouvement des femmes ou les jeux olympiques des handicapés : chacun/e cherche à affirmer son être dans la société.  Désormais c’est l’individu total qu’il faut prendre en compte ou rien du tout. Le contenu même du collectif s’en trouve transformé. Toute la société en est imprégnée ce qui stimule des aspirations à une vraie démo-cratie.  Lorsque l’on dit que les jeunes sont porteurs du rejet de toute verticalité, ce n’est pas parce qu’ils sont ENCORE jeunes c’est parce qu’ils sont de la génération de ces transformations.

La démo-cratie ne sera pas de l’ordre de moins de pouvoir personnel et ne nous viendra pas d’en haut quel que soit l’affichage de ce « en haut ». La 6ème république ne peut venir d’un personnage hors du commun. Le pouvoir ne se rétrocède pas, il s’arrache et se construit par soi-même avec ses semblables.

Il est donc temps. De faire quoi ? Si je commençais par premièrement puis énumérais la liste à suivre, je serais en contradiction flagrante avec mon propos. Par contre je puis interroger celles et ceux qui aspirent à maîtriser leur sort pour voir ensemble si dans les refus, les expérimentations, l’exigence d’être entendu/es il n’y a pas là des points de départ ouvrant sur les pistes de nouvelles pratiques : comment par exemple ce qui est au cœur des mouvements, des assemblées locales, d’entreprises peut devenir autant de points de départ pour que des porte-paroles (pas des représentants, on a donné !)chargés de volontés précises soient missionnés pour voir s’il est possible de les mutualiser et qu’on leur donne force de loi. N’y a-t-il pas déjà cette quête chez les Gilets Jaunes, les Nuits Debout, dans l’occupation des locaux de LVMH et dans des mouvements lycéens et étudiants ? La nature de la lutte change : elle se charge d’une portée de subversion des règles établies. N’est-ce pas déjà cela qui inquiète les gouvernants et leur fait dire tant de mal de la rue ?

Pierre Zarka

 

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