Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Vers une démocratie autogérée ? 

people standing on the street during daytime

Si pour les gouvernants, la crise démocratique n’existe pas au motif qu’ils ont été élus et qu’ils appliquent un programme dans le respect du cadre institutionnel, nous vivons en réalité la plus grave crise démocratique depuis ces 50 dernières années.

Nous ne faisons qu’observer une fracture entre une grande partie de la population et celles et ceux qui exercent le pouvoir. 

Le président de la République a négligé depuis le début de son mandat les « corps intermédiaires » de toute sorte, et singulièrement les organisations syndicales. Malgré des alertes récentes comme la crise des Gilets jaunes, Emmanuel Macron et son gouvernement ont estimé que leur projet était le seul possible et qu’il ne souffrait d’aucune alternative. Dés lors, face au rejet massif du projet de réforme, la seule issue possible pour le pouvoir était de l’imposer, « coûte que coûte » et de veiller à ne tenir aucunement compte de la position des organisations syndicales alors que celles-ci étaient jugées plus représentatives et légitimes que le gouvernement. Les artifices et arguments du pouvoir (l’utilisation de textes constitutionnels, l’absence de vote de l’Assemblée nationale, le 49-3, les déclarations provocatrices ou encore la répression policière ont largement contribué à aggraver la crise.

Ce qui est aujourd’hui rejeté est donc sa manière d’être, de se comporter, ses mesures et la façon dont fonctionnent les institutions, en quelque sorte une crise d’illégitimité de cet ensemble. 

A contrario, le conflit retraites et les enjeux liés au pouvoir d’achat dans  un contexte inflationniste ont réhabilité le rôle et la légitimité des organisations syndicales et du mouvement social. 

Comment éviter qu’une nouvelle mesure illégitime soit imposée et comment faire vivre une vraie démocratie sociale et dans l’exercice du pouvoir et dans nos entreprises et administrations, sur nos lieux de travail ?  Répondre à ces questions est d’autant plus nécessaire que les enjeux économiques, sociaux et écologiques actuels sont immenses.

La question démocratique se pose à tous les niveaux. 

Dans le monde du travail, il est urgent d’associer les salarié·es aux décisions de l’entreprise, concerné·es au premier chef. Ceci suppose de donner un véritable rôle aux travailleur·ses et  à leurs représentant·es, dans toutes  les instances – y compris celles qui régissent les stratégies. La démocratie sur les lieux de travail ne saurait toutefois être réelle si elle reste guidée par les objectifs actuellement dominants. Ceci implique par conséquent de sortir du management actionnarial, avec la finance et les profits pour seule boussole, et préférer des formes de lieux de travail plus coopératifs et solidaires au sein desquels la démocratie sociale s’exprime réellement. Il s’agit aussi ici de refaire sens et de faire rimer conditions de travail et conditions de vie. « L’objet social » de l’entreprise en serait profondément réorienté et les services publics retrouveraient leur sens premier.

La démocratie doit également pouvoir vivre et s’exprimer dans les choix concernant la population. De ce point de vue, l’exercice solitaire et de plus en plus intolérant est discrédité. 

Il nous faut donc revoir le modèle social dominant et faire émerger un autre projet, celui auquel semble aspirer une part croissante de la société au regard de l’érosion intrinsèque du modèle capitaliste qui au delà de creuser les inégalités, aliène les travailleurs·ses et pourrit la planète.

Cette transformation sociale passe, en ce qui nous concerne, par une forme d’autogestion, laquelle reste cependant à définir et construire collectivement, et qui ne peut être déconnectée des enjeux écologiques. 

Dans cette approche, et sans aller dans le détail, la population doit se sentir représentée légitimement avec des consultations des organisations du mouvement social, mais aussi des consultations directes  de la population et globalement à réussir le défi de construire une société des égalités, avec le respect des minorités. 

La démocratie ne résulte pas en un vote périodique, lequel exclut au passage les personnes qui vivent et travaillent dans notre société, les étranger·es sont privé·es d’un droit fondamental qu’est celui de l’expression, et de participer à une vie collective.

Sur la base de règles claires connues et reconnues, la démocratie : c’est partout et tout le temps. 

Un nouveau contrat social, en somme !

Ophélie Gath, Solidaires

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