Que penser de la crise des partis et organisations ? Si tous les partis de gauche – même à la gauche de la gauche – sont en crise, est-ce le fruit d’une coïncidence ou cela a-t-il une signification plus profonde sur les pratiques et sur la conception de la politique ?La crise du/de la politique est-elle une chance pour changer de braquet transformateur et concevoir la chose publique autrement ? Comment changer nos conceptions de la politique pour engager un processus d’autogestion de la société ?  

Les photos qui illustrent ce dossier ont été prises lors des manifestations du 19 janvier 2023, merci à Serge d’Ignazzio, et à Pascale de Rennes pour le partage.   

Crise des partis, crise du/de la politique, et nécessaire changement des conceptions dépassées de la politique

La NUPES a fait long feu ? Les partis de gauche – ou de la gauche de la gauche – connaissent chacun des crises et des turbulences. Patrick Vassallo en fait un état des lieux. 
Les partis de droite ne sont pas épargnés. La valse des dirigeants en est le symptôme. Seul le RN paraît se sortir d’affaire. S’agit-il d’une coïncidence ?  Ou bien les racines du problème sont-elles communes ? Ne faut-il pas redéfinir la/le politique ? De quoi « s’occupe » ce qu’on appelle  la « politique » ?  Que penser du dépérissement de l’État et de l’autogestion de la société ? Avons-nous besoin de partis politiques ? D’une activité séparée et spécifique ? 
Le fossé peut paraître profond avec des décennies de délégation de pouvoir et de déraison d’État… solidement ancrées dans la culture collective. 

De toute évidence, la problématique est vaste. Cerises la coopérative l’a abordée sous différents angles : des Utopies concrètes au « monde en transe » et « Du territoire au commun, alternatives » sur notre site, sans négliger de nombreux travaux sur les communs. 

Dans notre dossier de février, Bénédicte Goussault nous replonge dans les années 2004 et 2007 et rappelle que les questions posées ne sont pas nouvelles, même si elles s’aiguisent aujourd’hui. Patrick Le Tréhondat construit le lien entre crise de la démocratie représentative et crise des partis. Patrick Vassallo plaide pour une redéfinition de la politique et du rôle des organisations. Autogestion ? Laurence Boffet tente des mises en pratique et plaide pour des formes d’hybridation entre autogestion et démocratie représentative. 
Ne pas faire les choses à moitié, c’est une préoccupation de Pierre Zarka qui voit dans la genèse même des partis politiques un obstacle au dépassement des rapports de domination, remis en cause dans tous les domaines de la société, à commencer par le travail. 
Patrice Leclerc penche plutôt sur un défaut de contenu et d’ « incapacité à faire avec ». Jean Sève considère que le politique ne peut qu’entériner les « déjà là » du lieu de travail ou du lieu de vie, et ne saurait être le point de départ de la transformation de la société. D’ailleurs Florence Ciaravola observe que les processus de politisation se déroulent hors du champ des organisations. Enfin Ludivine Bantigny et Christine Poupin revendiquent le besoin d’une organisation politique à la hauteur des défis posés.