Cerises propose de gratter sous la surface des mouvements en cours. N’y a-t-il pas du point de vue des syndicats et des organisations politiques, une sous-estimation des potentialités des luttes actuelles ?
Que faire pour que ces potentialités s’expriment clairement ?
Changer les conceptions dépassées de la politique ? Pourquoi ? Comment ?
Sous la pointe émergée de l’iceberg
La Rédaction de Cerises la coopérative émet l’hypothèse que les luttes sociales, sociétales et écologiques expriment des approches sur le devenir de la société qui vont au-delà de ce qu’explicitent souvent les forces syndicales ou politiques. Certains signes ne sont-ils pas comme la pointe émergée d’un iceberg ? Le problème serait alors d’analyser ce qu’il y a dessous. Un exemple parmi tant d’autres : comment interpréter qu’en Octobre au cours de la première partie du débat budgétaire à l’Assemblée nationale, un amendement portant non pas sur la taxation des superprofits mais des superdividendes ait été présenté par… le Modem ? On ne l’aurait pas attendu de ce côté.
Cela nous conduit à souhaiter gratter sous la surface des actions en se demandant si ces actions ne recouvrent pas des points d’appui sous-estimés qui peuvent aider à interpeller les actrices et acteurs de ces actes et à cerner les limites actuelles pour commencer à les dépasser. Il ne s’agit pas d’embellir la réalité, mais la difficulté est peut-être qu’il manque les mots pour la rendre lisible dans sa complexité. Cette complexité recouvre aussi une grande disparité des interventions et postures dans le « commun », l’action collective et/ou publique.
Que pouvons-nous tirer de la situation sociale et politique pour aller de l’avant ?
Nous avons interrogé des syndicalistes, des militant·es d’associations, un acteur engagé dans le « déjà là », des militant·es politiques. Remercions Nara Cladera, Olivier Frachon, Diangou Traore, Stéphane Berdoulet, Alexis Cukier, Régine Komokoli, Pierre Zarka, et Laurent Zwaenepoel pour leurs contributions. François Ruffin a décliné notre invitation faute de disponibilité mais nous avons trouvé beaucoup de matières dans l’interview qu’il a donnée au Nouvel Obs, Bénédicte Goussault en a extrait quelques passages.
Voici, les questions que nous leur avons posées.
A l’aide d’exemples vus ou entendus quelle est selon vous la portée sociétale et politique des mouvements qui en ce moment traversent le pays ? Quelles limites pourraient être désignées comme devant être franchies ? En quoi cela vous fait dire (ou pas) que cette portée participe du rapport des forces ?
Cela peut-il changer le regard que chacun·e porte sur ses propres capacités à intervenir ? A quelle(s) condition(s) ?
Quel(s) obstacle(s) lié(s) aux habitudes, notamment syndicales et politiques serait-il possible de dépasser ? Quels « modes de faire » sont à changer, inventer ? Ne sommes-nous pas toutes et tous concerné·es par une conception dépassée de la politique ?
Le débat se poursuivra lors d’une table ronde dont nous rendrons compte dans un prochain Esprit de suite.
La rédaction de Cerises
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