Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

La charte d’Amiens 

La motion de congrès connue sous le nom de Charte d’Amiens correspond aux discussions, enjeux, réalités, rapports de force de 1906. Le nier et la brandir comme un fétiche, une entité non discutable, ne sert à rien. A l’inverse, prétexter son âge pour tenter d’en réduire le sens et la portée aujourd’hui n’est pas convenable. L’essentiel des divergences portent sur le fait politique. Pour certains et certaines, il est réservé aux dites « organisations politiques », aux partis. D’où la théorisation du syndicalisme « qui ne fait pas de politique » : les partis s’en occupent. La Charte d’Amiens aboutirait à un refus de la politique.

Ce reproche d’un déni ou refus de politique est un non-sens. Tout au contraire, le syndicalisme est politique. Il rassemble celles et ceux qui décident de s’organiser collectivement sur la seule base de l’appartenance à la même classe sociale. Ils et elles agissent pour défendre leurs revendications immédiates et travailler à une transformation radicale de la société. C’est le fondement de la Charte d’Amiens ! Affirmer que le syndicalisme est politique ne signifie pas nier les partis, les clubs philosophiques ; c’est refuser qu’ils préemptent le fait politique. Comme le dit la Charte d’Amiens, ces organisations « peuvent poursuivre, en toute liberté, la transformation sociale ». Mais les travailleurs et les travailleuses1 s’organisent de manière autonome. Ils ne doivent pas s’en remettre à des personnalités extérieures à leur classe sociale, qui ne prennent pas part à la lutte quotidienne, sur le lieu de travail, le lieu d’exploitation où le lien de subordination et ses conséquences doivent être combattus, pied à pied et sans cesse. La lutte se mène sur deux plans intrinsèquement liés : pour les revendications immédiates et pour le changement de société, la rupture avec le capitalisme. Le syndicalisme, parce qu’il est l’outil d’organisation collective autonome de la classe ouvrière, a un rôle politique. Le débat sur le « débouché politique aux luttes » est autre ; la plupart de celles et ceux qui s’y réfèrent ne parlent en fait que de débouché électoral dans le cadre institutionnel établi. Nos aspirations autogestionnaires et de nombreux mouvements sociaux amènent à appréhender les choses plus largement mais sûrement pas de manière moins politique !

Christian Mahieux

1.  On entend par là, les salarié∙es en activité, en retraite, en formation, au chômage, les personnes non-salarié∙es mais ne vivant que de leur travail.
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