Culture.

PArce qu’on ne peut pas s’émanciper sans aile !


Du Capital à Marx Story

C’est au détour d’une page du Journal d’un scénario, de Fabrice Caro, que s’est posée la question : combien de romans, combien d’œuvres, se réclament de Marx ? 

Le contexte du livre : Boris, scénariste un peu raté, passe du rêve au cauchemar. Le scénario de son chef d’œuvre, sa grande histoire d’amour, a attiré l’attention d’un producteur. Quel lien avec Marx, me direz-vous ? Sous couvert d’humour, Caro égratigne l’industrie du cinéma, qui sacrifie l’art au commercial. Et la clé du roman est claire : on peut utiliser « la farce comme outil politique », dit Caro. Comme le scénario rêvé, le roman est « une fable contre l’impérialisme, contre le capitalisme, contre les grandes firmes toujours plus avides de profit » (p154).  Il s’agit de « traiter une forme moderne de lutte des classes, de servilité 2.0, d’esclavagisme en cravate. Un manifeste marxiste déguisé en S.F. Marx Attacks. » (p.158). 

Marx est la clé. Évidemment… 

Faire une liste d’œuvres inspirées de Marx serait trop long, et fort fastidieux. Mais on ne peut que constater le nombre impressionnant de romans que Google « lie » à Marx… Plus de quatre-vingt, semble-t-il. Parmi lesquels des œuvres très diverses. 

Au départ, quelques années après sa mort, on s’inspire du Capital pour imaginer des utopies, on donne vie à ses idées, comme le fait William Morris dans les Nouvelles de Nulle-part

Quelques titres plus modernes affichent son nom comme une bannière : le très beau Marx et la Poupée, par exemple, de Maryam Madjidi, récit d’exil d’une famille iranienne qui fuit la répression contre les étudiants et les militants communistes.

Mais la littérature s’empare également de son intimité. On le met en scène. Et s’il avait rencontré Darwin (Marx dans le Jardin de Darwin, Ilona Jerger) ? Et s’il avait visité Paris pendant la Commune avec sa fille, se demandent O. Besancenot et M. Löwy dans Le cahier bleu de Jenny. S. Spitzer relate la vie (rêvée) de son fils illégitime dans Le Cœur battant du monde. On imagine son retour… 

C’est là qu’on entre dans une autre dimension. Car comme Socrate, dont on reconstruit l’existence – et peut-être même la pensée – à travers les récits rapportés de Platon et de ses disciples, Marx se fait personnage. Il devient composante d’une imagerie collective, passe à la légende. Tout le monde le connaît, même si bien peu l’ont lu.

Y gagne-t-il ? Cette image « people » très XXIème siècle dessert-elle sa pensée ? On peut évidemment se poser la question. Au moins inspire-t-il…

Alexandra Pichardie

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