Après deux années de vaches maigres, de scènes vides et de projets reportés, voici une reprise contrôlée, jaugée mais réelle, des activités culturelles, du spectacle vivant.
Des festivals ont été annulés, d’autres – et non des moindres – se sont tenus. Souci financier ou d’attractivité locale ou volonté politique et détermination à ne pas disparaître.
L’annulation au dernier moment du festival des arts de la rue à Aurillac aura provoqué « La Grande Manifestive ». La Fédération Nationale des Arts de la Rue a invité à se mobiliser « tous et toutes, les amoureux et passionnés.es des arts de la rue, pour participer le mercredi 18 aout 2021 à Aurillac ». Plusieurs centaines de personnes (1000 selon la presse locale) ont conclu par une manifestation artistique et revendicative à travers le centre-ville d’Aurillac, avec fête, joyeuseté, improvisations et de jolis petits spectacles professionnels pour cette journée de « défense des libertés dans l’espace public ». Les revendications avancées ont rappelé aussi celles que les théâtres occupés et les mobilisations sur l’assurance-chômage avaient mises en exergue depuis le début de 2021. (Voir le dossier précédent de Cerises).
En pays girondin, le Fest’arts a réuni une trentaine de compagnies à Libourne où depuis 30 ans il se veut fête populaire et intergénérationnelle, dans la rue, « cet espace si familier devient alors un lieu de rencontre et de démocratisation culturelle. »
A Uzeste, les organisateurs de la Hestejada, ont publié le 29 juillet 2021 un communiqué informant du report de cette « 44e édition imaginée sous le feu :
– d’un incendie sanito-sécuritaire qui n’est pas prêt de s’éteindre,
– d’une crise sociale qui s’épaissit lourdement,
– de grimaces gouvernementales qui ne font rire personne,
– d’impasses sanitaires délétères,
– de réformes sociales qui couvent sous la cendre,
– d’un certain mépris vis à vis des œuvriers de la Culture, de ses artistes artistiquement libres ». Rendez-vous après l’été pour cette partition écologique sociale politique historique esthétique.
Les confinements avaient provoqué la création de nouveaux formats de spectacles (cours, extérieurs, quais ; etc.) pas sûr que l’été ait pérennisé ces formules. Mais plusieurs créations ont privilégié voix et mélodies, intimité et fraîcheur. Et pas forcément soutenues par des grandes majores.
Les deux sœurs lyonnaises du duo Delacourt, après s’être « testées » sur les terrasses sortent leur premier titre Bilbao, au goût très estival, entre pop et bossa nova.
Luxe, calme et volupté pourrait titrer la sortie de la chorale au fil de l’eau, conduite par Muriel Righeschi, à l’occasion de la deuxième fête à la halte nautique de Châtel-Censoir, village de l’Yonne. Une initiative culturelle qui alliait aussi la pêche, les générations et l’envie d’animer ce petit pays rural.
Désormais autoproduit, le trio LEJ sort – enfin ! – son « Summer 21 ». Dans la veine de ces copines d’école qui ont cartonné sur internet et cherchent désormais à conforter et élargir leur route. Avec des paroles qui « parlent » et font bien mieux que des « vocalises »… A écouter avec attention.
C’est aussi d’humanité dont nous parle la franco-québécoise Jeanne Rochette dans son très beau « La malhonnête », déjà couru et primé.
Des voix de douceur dans un monde de brutes ? Des volontés de résister ? Sous le masque, garder le droit du sourire.
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