Culture.

PArce qu’on ne peut pas s’émanciper sans aile !


Ça Pass ou ça casse

L’Éducation Nationale nous a habitués aux informations livrées par Cnews, aux bruits de couloirs et aux coupes budgétaires à la machette. Fermer des classes ? Passer des réformes à moyens constants ? Un classique. Rendre des millions d’euros alors que les classes sont surchargées et les établissements tombent en ruine ? C’est un peu comme souffler dans le cul d’un chien : certains rient, d’autres trouvent ça simplement indécent.

30 janvier 2025. La Direction Générale de l’Enseignement Scolaire (Dgesco) informe les chefs d’établissement que le montant des crédits pour la part collective du Pass Culture – 20 à 30 euros par élève, de la 6e à la terminale, à dépenser dans des projets artistiques et culturels, des interventions d’artistes, des sorties etc. – est limitée à 50 millions d’euros pour le premier semestre 2025 et qu’il ne reste que 10 à 13 millions d’euros pour les projets qui seraient validés… avant le 31 janvier.

Incrédulité et branle-bas de combat dans les établissements. Certains intervenants prévus en fin d’année n’ont pas été enregistrés sur la plateforme ADAGE. Les projets tombent à l’eau.

Pourquoi ? Parce que l’Éducation Nationale n’avait juste pas prévu correctement son budget : 25 euros par collégien, 30 pour les secondes et les élèves en CAP, 20 pour les premières et terminales. La Cour des comptes a calculé un montant théorique à allouer de 138 millions d’euros. Pas 75 millions.

Cette somme, c’était permettre à l’École de démocratiser l’accès à la culture. Or, si le capitalisme a développé la culture, (Cf le dossier), c’est parce que ça l’arrangeait. Mais « l’accès d’un plus grand nombre à un plus haut niveau de culture a conduit aussi à des exigences de démocratie plus fortes. » Et ça, ce n’est plus acceptable.

Le rapport de la Cour des Comptes enfonce le clou : « l’éducation artistique et culturelle ne peut pas avoir pour fonction d’assurer l’équilibre économique voire la survie d’acteurs culturels qui trouveraient un débouché dans l’animation culturelle pour les scolaires » (Le Figaro du 14 février 2025). Et puisqu’on finance, il faut « procéder à des contrôles quantitatifs et qualitatifs des prestations financées ».

Qu’est-ce à dire ? Les profs choisiraient mal leurs intervenants ? N’est-ce pas aux pédagogues de déterminer ce qui est pédagogique ? Est-ce une vision pédagogique qui autorise les enfants à utiliser l’argent de leur Pass culture individuel pour aller au Puy Du Fou ? Cette déformation de l’Histoire défendue par l’extrême droite ?

Couper les crédits sans prévenir. Un moyen de rabaisser à la fois les profs et les professionnels de la culture qui, après tout, n’ont qu’à faire du bénévolat – le pass culture leur fait déjà de la pub : « La plateforme permet (aux professionnels) de promouvoir de manière autonome et gratuite leur programmation culturelle et de proposer des offres artistiques et culturelles, gratuites ou payantes, à destination des jeunes » (pass.culture.fr)

Cultiver les enfants, ça ne produit rien. Ça gâche de l’argent public pour nourrir des saltimbanques sur lesquels on n’a aucun contrôle. Revenons-en aux fondamentaux : lire écrire compter. A bas coût. Et ensuite, les envoyer bosser.

Alexandra Pichardie

Image : ©formesdesluttes.org

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