Il existe au sein de l’intelligentsia asiatique, africaine, latino-américaine, et tout particulièrement outre-atlantique, une liberté d’entrecroisement des diverses pensées et sources d’inspiration d’une grande fertilité, qui a très peu d’équivalent en Europe où une classification sclérosée des auteurs stérilise toute la portée de leurs œuvres. L’auteur est politiste et chercheur urbain à la Faculté des Etudes d’environnement à l’Université de York à Toronto, et se consacre aux théories et pratiques politiques et sociales et au rôle de l’urbain, de l’urbanisation et des rapports villes-campagnes dans la transformation historique du capitalisme.
A travers des œuvres de ces deux penseurs, il croise les apports marxistes et les courants décoloniaux, il démontre comment les dynamiques d’aménagement du territoire et les politiques coloniales s’articulent et jouent un rôle central dans les stratégies étatiques « contre-révolitionnaires » et les processus d’urbanisation globale qui façonnent en permanence espaces, temps, liens et rapports sociaux, tant dans les métropoles (Paris) que dans l’ensemble des espaces urbanisés dans le monde (Antilles françaises, périphéries canadiennes…). Il éclaire dans ces domaines les apports critiques, soulignant comment les politiques post-fordistes et leurs injonctions à une certaine « mixité sociale » font du néocolonialisme et du racisme d’Etat une réponse capitaliste aux luttes sociales depuis 1968. Ce faisant, il défriche les voies de ce que Lefebvre appelait une véritable « décolonisation de nos vies quotidiennes ».
Makan Rafatdjou
Le temps et l’espace de la (dé)colonisation, Dialogue entre Franz Fanon et Henri Lefebvre, Stefan Kipfer, Eterotopia, 2019, 260 p., 29 €.
A poursuivre avec l’ouvrage plus récent de Cosimo LISI : Paris, Capitale coloniale, Eterotopia, 2024, 152 p., 17 €.
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