Culture.

PArce qu’on ne peut pas s’émanciper sans aile !


Ceci n’est pas une pipe de René Magritte

Ou le refus de confondre l’image de, avec la réalité et d’en rester aux apparences.

Le surréalisme émerge après le massacre de la première guerre mondiale et l’hypocrisie qui y a conduit. Il appelle à mettre la distance nécessaire entre la représentation du réel et le réel lui-même. Moyen de souligner que ces représentations ne sont jamais à l’état pur malgré la prétention de la photo ou du cinéma naissant mais sont toujours une interprétation Ce qui nous renvoie à la distanciation brechtienne ou au « mentir vrai » d’Elsa Triolet : revendique d’inventer pour mieux parler du réel. Vigoureux appel à nous sortir de la normalité.

L’œuvre n’est jamais totalement individuelle, l’individu est toujours socialisé. C’est pourquoi, si elle est toujours unique, elle peut parler à tous, et traverser le temps. Les mythes grecs nous parlent encore par le fait de situer un « pour soi » qui s’affronte avec le sort, avec ce qui paraît donné et donc vise à l’émancipation.

On peut penser à la liberté que prend un Beethoven avec ses arythmies et ses dissonances, en cela contemporain de la liberté que prennent les Lumières et la Révolution française vis à vis d’une pensée académique et conformiste.

L’esthétique a alors une portée subversive. Subvertir participe de la condition humaine. On se forme en imitant et en désobéissant, il n’est qu’à penser à l’adolescence. Encore faut-il ressentir la nécessité de se projeter dans l’encore impensé pour, comme l’écrivait Aragon pour Robert Desnos, « accomplir notre propre prophétie ».

Pierre Zarka

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