De quoi l’arrivée de Trump au pouvoir est-elle le nom ?
S’agit-il d’une rupture dans le développement du système capitaliste ? Le néolibéralisme entre-t-il dans une phase de déclin ?
La montée des forces réactionnaires dans le monde est-elle un signe de force des classes dominantes ?
Les mouvements d’émancipation ont-ils pris la mesure de cette évolution ?
Quels sont les défis à relever pour sortir de la sidération et construire l’alternative ?
Reconfigurations ?
Depuis une quarantaine d’années, notre compréhension du capitalisme était « stabilisée » avec l’analyse de ce qu’il avait été convenu d’appeler le néo-libéralisme. Ouverte avec l’accession de Reagan et Thatcher, cette période a été marquée par une politique dite de « dérégulation » tout en prenant soin de conserver certains attributs régaliens à l’État et dans le respect du fonctionnement de règles fondamentales de la démocratie représentative telles que les classes dominantes l’entendaient.
Le capitalisme a correspondu à l’accaparement de la révolution industrielle. Puis confronté aux conséquences de la révolution des connaissances et notamment numériques, il s’est réfugié dans une fuite en avant néolibérale. Aujourd’hui il arrive au bout de ses capacités d’adaptation et cherche à rompre avec ce qui est trop contraignant pour le système.
L’arrivée de Trump au pouvoir signe cette rupture. Il ne s’agit pas de la déraison d’un apprenti dictateur. Une nouvelle cohorte d’intellectuels organiques a pensé cette contre-révolution notamment à travers le Projet 2025. Elle s’inscrit dans une course vers l’autocratie : Xi Jinping (Chine), Modi (Inde), Poutine (Russie)… et dans un monde en désordre où les États-Unis semblaient à la peine pour rétablir un semblant d’« ordre impérial ».
Les outils idéologiques néo-libéraux étaient épuisés, et « hors d’usage » alors que les forces progressistes n’arrivent pas à offrir une alternative cohérente.
La « contre-révolution trumpiste » (précédée par Miléi en Argentine) ouvre une nouvelle voie qui combine un populisme fiévreux (nouvelle forme d’hégémonie sur les couches subalternes) et une déconstruction féroce de l’État pour laisser la conduite de l’« administration des choses » directement à des oligarchies, dans le sens où Le Capital ne délègue plus à un personnel politique particulier la défense de ses intérêts mais s’en occupe lui-même sans intermédiaire. Une sorte de « féodalité capitaliste où des « lumpen capitalistes » « sans foi, ni loi » s’emparent du pouvoir.
Les premières semaines du pouvoir Trump sont éclairantes à cet égard.
Dans cette nouvelle période, de nombreux enjeux nous sautent au visage. Pour en débattre nous avons sollicité dans un premier temps des contributions écrites que vous pouvez retrouver sur le site. Dans un deuxième temps nous avons organisé une visioconférence pour animer de manière plus interactive les échanges. Nous en avons extrait les passages les plus significatifs. Remercions ici vivement Dominique Belougne, Alain Bihr, Bernadette Bouchard, Jean-Paul Bruckert, Nara Cladera, Christophe Courtin, Jean-Marie Harribey, Jean-Blaise Lazare[1] pour leur participation à ce débat avec l’équipe de rédaction.
Bonne lecture.
La rédaction
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