Ou le refus de confondre l’image de, avec la réalité et d’en rester aux apparences.
Le surréalisme émerge après le massacre de la première guerre mondiale et l’hypocrisie qui y a conduit. Il appelle à mettre la distance nécessaire entre la représentation du réel et le réel lui-même. Moyen de souligner que ces représentations ne sont jamais à l’état pur malgré la prétention de la photo ou du cinéma naissant mais sont toujours une interprétation Ce qui nous renvoie à la distanciation brechtienne ou au « mentir vrai » d’Elsa Triolet : revendique d’inventer pour mieux parler du réel. Vigoureux appel à nous sortir de la normalité.
L’œuvre n’est jamais totalement individuelle, l’individu est toujours socialisé. C’est pourquoi, si elle est toujours unique, elle peut parler à tous, et traverser le temps. Les mythes grecs nous parlent encore par le fait de situer un « pour soi » qui s’affronte avec le sort, avec ce qui paraît donné et donc vise à l’émancipation.
On peut penser à la liberté que prend un Beethoven avec ses arythmies et ses dissonances, en cela contemporain de la liberté que prennent les Lumières et la Révolution française vis à vis d’une pensée académique et conformiste.
L’esthétique a alors une portée subversive. Subvertir participe de la condition humaine. On se forme en imitant et en désobéissant, il n’est qu’à penser à l’adolescence. Encore faut-il ressentir la nécessité de se projeter dans l’encore impensé pour, comme l’écrivait Aragon pour Robert Desnos, « accomplir notre propre prophétie ».
Pierre Zarka
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