Après la manifestation historique à Belgrade le 15 mars dernier, contre la corruption, qui a réuni 107 000 personnes (sur 1,3 million d’habitants dans la capitale), point culminant de la contestation emmenée par le mouvement étudiant depuis décembre dernier, la fièvre des assemblées générales ou plenum gagne le pays. Les étudiants/es ont appelé les citoyens/nes à commencer à organiser des assemblées populaires. Dans une déclaration ils et elles expliquent « Tout ce que nous, les étudiants/es, avons accompli jusqu’à présent est le fruit de l’auto-organisation selon les principes de la démocratie directe … [mais] les étudiants/es ne sont pas, ne veulent pas et ne peuvent pas être le reflet de la volonté générale. Les réponses aux questions étatiques et sociales les plus générales… ne doivent donc pas reposer uniquement sur nos épaules. Tous les citoyens/nes [sont] détenteurs irrévocables de la souveraineté… Nous vous exhortons donc à vous organiser de manière indépendante selon le modèle de la démocratie directe, par l’intermédiaire de l’organe de l’assemblée citoyenne ».
Appel entendu comme à Rakovica (2 600 habitants) où, comme les citoyens n’avaient aucune expérience des plénums auparavant, ils ont fait appel aux étudiants/es. Environ 400 personnes se sont rassemblées où a été discutée l’organisation de blocus. D’autres assemblées se tiennent partout ailleurs en Serbie. Mais ce mois de mars a surtout vu l’élargissement de la contestation au camp ouvrier. Le 22 mars (!) à l’invitation des étudiants/es, une réunion a été organisée à la Faculté de philosophie de Belgrade, à laquelle ont participé les représentants/es des cinq plus grandes centrales syndicales de Serbie. La réunion s’est terminée par la signature d’un accord selon lequel, les syndicats travailleront sur des propositions spécifiques et l’harmonisation des revendications syndicales, et les réunions se tiendront à la Faculté de droit de Belgrade. L’agitation a gagné depuis la Macédoine du Nord où le dramatique incendie d’une discothèque qui a fait 59 morts à Kocani, un rassemblement a rassemblé plusieurs milliers de personnes. Suivant l’exemple serbe, les étudiants/es appellent à des assemblées générales. Une nouvelle organisation étudiante NSS-UKIM a été fondée et explique « Ce sont nos facultés donc c’est notre droit de décider. Le NSS-UKIM a été créé pour répondre au besoin des étudiants d’avoir leur propre organisme indépendant pour pouvoir s’autoorganiser ».
Ajoutons à ce tableau un boycott croate contre les chaînes de supermarchés d’Europe occidentale qui pratiquent des prix exorbitants, ce qui a rapidement inspiré les consommateurs/trices en Bosnie-Herzégovine, au Monténégro, en Macédoine du Nord, en Serbie et au Kosovo qui ont rejoint la protestation et exigent la justice économique et des prix équitables. Le 19 février, la Fédération générale des consommateurs de Grèce (INKA) a mené une grève complète des dépenses alimentaires pour une journée. Alors que ce mouvement prend de l’ampleur, il est évident qu’un éveil collectif est en cours dans la région.
Patrick Le Tréhondat
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