L’auteur élargit et approfondit une histoire de l’ESS précédemment publiée et pointe la croisée des chemins que constituent la fuite en avant moderniste, la réaction apeurée de la conservation de formes immuables et de règles anciennes, et le combat pour une ESS de transformation sociale et d’émancipation. Le rappel des fondements historiques de l’ESS et du mouvement ouvrier évoque ce qui fit obstacle au développement d’une pensée politique de l’Économie sociale naissante tout en brossant un parcours riche très lié au mouvement ouvrier.
Une 2eme partie pointe les évolutions, livrant un diagnostic des plus pertinents qu’en 3ème partie complètent adaptations et modernité.
Les conséquences de la doxa libérale (des cercles de qualité aux algorithmes financiers, de « l’estime de soi » au comportementalisme RH) pèsent sur certains choix dans l’ESS. Ainsi « l’entreprise à mission » créée par la loi où la raison d’être cède à celle de survivre, cette fin justifiant tous les moyens… Entreprendre en ESS se frotte à la numérisation et à l’immatériel : l’ESS peut-elle porter une alternative à la dictature des algorithmes (la gouvernance par le nombre) (ou au tout-connexion) ? Le développement du coopérativisme (SCOP et SCIC) nourrit des pratiques de transformation et d’émancipation et favorise les interventions sociales et sociétales au-delà du périmètre habituel du « travail »: féminisme, droit au logement, démocratie sanitaire, et tant d’autres activités y compris de services publics
S’ancrer dans les territoires est montré comme un axe essentiel.
Voici donc une lecture utile pour faire concrètement alternative. Dans de nouveaux communs qu’explore la non-conclusion de cet ouvrage.
Patrick Vassallo
Jean-Philippe Milesy, L’Économie sociale et solidaire, dynamiques d’innovation et émancipation, Éditions du croquant, 278 pages, 20€.
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