L’affaire Bilal Hassani a révélé les obscurantismes qui gangrènent encore notre société. Interdire un concert, dans une église désaffectée, parce que le chanteur/chanteuse n’est pas compatible avec la binarité convenue… Ciel, mon genre !
La communauté catholique et traditionaliste locale a en effet vivement critiqué la présence du chanteur d’origine marocaine en tant que porte-drapeau de la communauté LGBT+. Porte-drapeau assigné, origine pas contrôlée ?
Au-delà de cette réaction d’intolérance profondément réactionnaire, voilà un artiste, dont le principal fait de gloire est l’Eurovision de la chanson et qui poursuit une carrière honorable, sanctionné (censuré) au-devant de la scène. Alors que dans plusieurs entrevues, il avait exprimé sa banalité et sa liberté de tenue, d’apparence, « d’ambiguïté », il se retrouve engagé malgré lui.
Colette Magny, grande chanteuse des années 80 et 90, exprimait sa colère devant un monde « où il est difficile d’être heureuse ». A un journaliste qui la définissait comme « une chanteuse qui dénonce », elle répondit « Je n’ai jamais prétendu être une chanteuse révolutionnaire. J’expose certaines choses ».
Si bien des artistes ont produit une chanson de propagande, de soutien aux luttes populaires, assumant un engagement, partisan (Ferrat ou Escudero au PCF, Luis LLach, Utgé-Royo, Béranger, Wolf Birman,…), bon nombre ont été engagés sur la seule foi de leurs paroles ou d’une manifestation de soutien.
Comme si la chansonnette du conter fleurette était banale et neutre ; n’exprimant rien de la vie !
Patrick Vassallo
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