Culture.

PArce qu’on ne peut pas s’émanciper sans aile !


Du rap conscient et politique

A parler de chanson engagée, on pouvait difficilement passer à côté du rap… 

Depuis le début des mobilisations contre la réforme des retraites, plusieurs figures du rap français se sont particulièrement mobilisées : concert de soutien aux caisses de grèves le 8 avril dernier à Pantin ; présence du rappeur Médine aux piquets de grève de la raffinerie TotalEnergies…

« Ils reculent l’âge de la retraite
Mais avancent l’âge de la mort
Disent que c’est nous qu’appelons au meurtre, envie d’gerber jusqu’à l’aurore
Est-ce que l’État nous protège ? Ou l’État s’protège de nous ? »

Médine, Médine France, 2023.

Il sera également présent aux côtés d’autres artistes locaux sur la scène du « village revendicatif des syndicats et associations » le premier Mai prochain, pour protester contre le « grand banquet du RN », délocalisé au Havre. Le slogan : « Pas de fascistes au Havre, pas de Havre pour les fascistes ». 

L’engagement, il est au cœur du Rap même. A sa naissance en 1970 dans le Bronx, il est surtout politique. Y sont dénoncés la pauvreté, la drogue, les violences policières et celles des gangs, le racisme, l’inégalité des chances… Le travail artistique porte à la fois sur la musicalité, mais aussi sur les paroles, souvent violentes. Mais comme dit Sniper : 

C’est juste un cri de colère d’un
Jeune au bout du rouleau
Qui en veut à la Terre entière car
Il est mal dans sa peau
Au lieu de changer de vocabulaire
Il le dit avec ses mots
Au lieu d’aller foutre la de-mer
Il préfère prendre un stylo il est choquant
Mais il n’a d’autre solution
Il emploie des mots violents
Afin d’attirer l’attention

Sniper, La France, 2001

Des paroles, donc, aussi violentes que la société qui les engendre. 

En France, quelques grands noms « historiques » : NTM, bien-sûr, I AM, Oxmo Puccino, Keny Arkana, Sniper, Kery James… Pour moi, c’est aussi la lettre au président d’Axiom, écrite en 2005 après la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, électrocutés en fuyant la police. 

J’accuse trente ans de racisme et d’ignorance
La répression sans prévention en France
J’accuse votre politique, vos méthodes archaïques
La centralisation, la défense unique de la loi du fric
Au lieu de rassembler car tous français,
Vous n’avez fait que diviser, laissant l’ extrême droite avancer.
Monsieur le Président,
Ne le prenez pas comme une offense,
Mais moi aussi je crois en la démocratie de France
Je crois en la république, la vraie
Car c’est le rêve du peuple et des opprimés
Colonisation, chômage, et précarité
Ont engendré violence, inégalités
La Discrimination, à l’embauche, à l’emploi, cela va sans dire
Provoque la fuite des cerveaux, laisse une jeunesse sans avenir
Est-ce un hasard si votre ministre séduit l’extrême droite ?

Ma lettre au président – Axiom 2005

Une lettre toujours criante d’actualité, presque vingt ans plus tard. Les ministres se suivent, interchangeables… Et les revendications du Rap conscient ont (malheureusement) encore de beaux jours devant elles. 

Alexandra Pichardie

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