Le roman policier scandinave échappe rarement à des questions de société et au mal-être des sociétés nordiques. Ce polar de Camilla Läckberg n’échappe pas à la règle. Trois femmes. Prisonnières de leurs mariages. Qui choisissent pour s’en délivrer une solution radicale.
Si la conclusion tend le suspense de cette publication et de chacune des trois histoires autonomes mais croisées, la description de chacune des douleurs montre les ressorts de la peur, de la maltraitance et des possibles et limites de leurs résistances. 3 humiliations, 3 femmes battues, de situations sociales et personnelles diverses.
Internet ; un forum leur permet de partager leurs blessures, mettant en exergue les ressorts cassés d’un respect individuel, la difficile « libération » d’un corps meurtri, d’une tête emboucanée et traumatisée. La domination masculine (au sens où Bourdieu la définissait) montre ici un de ses plus laids visages et de ses violences quotidiennes.
Bien des institutions, publiques ou privées, sont égratignées sévèrement dans ce roman au fond documentaire indéniable. Mais la « réserve timide » de bien des spectateurs ou informés de ces massacres, entre habitudes et couardises, y est indiquée avec précision. Camilla Läckberg signe dans ce nouvel opus un rude mais salutaire et très accessible roman policier…. Qui dit bien une tranche noire de la vie réelle.
Patrick Vassallo
Femmes sans merci, Camilla Läckberg, éditions Actes sud, 2020, 142 pages, 14,90€
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