Cet article fait partie d’un dossier que nous consacrons à la pandémie et à ses conséquences, voir les autres éléments de ce dossier URGENCES SANITAIRES, SOCIALES ET POLITIQUES:
- Les profits ou la vie ! (de Sylvie Larue, Henri Mermé, Danielle Montel, Josiane Zarka)
- À propos de démocratie sanitaire, de Marcelle Fébreau
- Le capitalocène contre la vie, d’Alain Bertho
- Une urgence : changer de société, de Pierre Zarka
- Le distingo entreprise/société de capitaux : un enjeu de la lutte des classes, de Benoit Borrits
- Pandémie et Mondialisation, de Gus Massiah
- Le jour d’après : un enjeu politique fondamental, de Makan Rafatdjou
- Guadeloupe, entre Covid 19, colonialité, et situation hospitalière catastrophique, une interview d’Élie Domota
Sans oublier deux articles publiés fin mars :
- “Covid-19 : un virus très politique” de Patrick Silberstein
- “Sauver l’économie capitaliste ou sauver la planète” de Benoit Borrits
Le 1er tour des élections municipales a bien eu lieu le 15 mars. 55,34% d’abstention, soit 20 points de plus que lors du précédent scrutin similaire, en 2014. Pour un panorama complet de l’intérêt de la population pour ces élections, il faut ajouter les personnes non-inscrites et les bulletins nuls. Bien sûr, n’ont pas participé non plus, les citoyens et citoyennes de nationalité étrangère (hors Union européenne), qui vivent en France, contribuent à la richesse du pays mais n’ont pas le droit de vote.
“C’est dangereux… mais allez voter!”
Durant les jours précédents, le message revenait en boucle, à la télé, à la radio, via les réseaux dits sociaux : « Limitez vos sorties au maximum, évitez les contacts avec d’autres personnes ; c’est dangereux. Mais, allez voter », répétaient ministres et responsables des groupes politiques. Tous les groupes politiques. Les mêmes qui, dès le 15 au soir, annonçaient comme une évidence qu’il n’était pas possible d’envisager le second tour la semaine suivante ! On retiendra des discours gouvernementaux, donc patronaux, que dans cette période, deux sorties immunisaient contre le Covid19 : les élections municipales et le travail. Depuis, ces savants ont limité la prescription au seul travail.
La crise sanitaire était déjà présente dans bien des têtes, et des corps, le 15 mars. Elle explique une partie des abstentions, qu’on peut donc penser ponctuelles. Encore que, parmi celles-ci, il en est qui sont politiques, car motivées par le rejet du double discours évoqué plus haut. Mais cette non-participation majoritaire aux élections s’inscrit aussi dans une remise en cause du système représentatif créé, imposé et maintenu par et pour la bourgeoisie. L’arrivée dans le champ social des Gilets jaunes a marqué un nouveau et fort moment de recherches d’alternatives. Il y en eut et il y en a bien d’autres.
Dans 30 125 communes il n’y aura pas de second tour ; les maires pouvaient donc être désigné.es par le nouveau conseil municipal dans la foulée. Et bien non, 4 jours après avoir incité à se rendre en masse dans les bureaux de vote, le gouvernement décidait qu’il n’était pas possible de réunir un conseil municipal. L’état d’urgence sanitaire amène des textes de loi autorisant les Conseils d’administration des entreprises à « se réunir » virtuellement, mais pas un conseil municipal ! Le chiffre de 30 125 élections au 1er tour impressionne ? Certes, cette situation ne concerne pas que des petites communes (en très grande majorité, oui) mais il est bon de rappeler que 71,58% des 34 968 communes françaises ont moins de 1 000 habitant.es ; dit autrement, 15,23% de la population vit dans les 42 villes les plus peuplées, c’est-à-dire dans … 0,12% des communes.
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