Autre visite à des amis : “Espace Marx à Bordeaux”.
Le courant d’Ensemble! “Autogestion-Émancipation” (E!A.E.) dont fait partie Pierre Zarka, a organisé une soirée d’études sur les motivations du vote RN. L’objet de cette soirée était de dépasser le constat, de ne pas se satisfaire d’une formule du type glissement à droite de la société – ce qui mérite d’être vérifié – ni de faire preuve de la moindre mansuétude mais de chercher à dégager des éléments qui permettraient de faire reculer l’audience du RN. L’intégral des débats présentés ici est repris dans la vidéo ci contre.
Nous avions ressenti le besoin d’analyser de quoi le vote RN se nourrit. Nous voyons que cela ne se limite pas au racisme mais que l’idéologie qui mène à lui articule racisme et questions de classes. Pensons que cette liaison entre nationalisme et détournement de sentiments de classe est historiquement dans l’ADN du fascisme.
Si on prend le bilan du siècle passé : tout aurait été essayé, tout aurait échoué : faillite du soviétisme, du socialisme à la suédoise ; du gaullisme ; du modèle américain, désillusions devant les effets du progrès technologique…. La faillite des grands récits du XXème siècle prive les exploités et dominés d’imaginaire qui leur soit propre et la seule identité collective qui demeure pour celles et ceux qui votent RN est l’identité nationale mise à mal par les délocalisations et la globalisation capitaliste. Or ils veulent faire peuple. C’est-à-dire retrouver une dignité et pouvoir affirmer participer à une collectivité. Depuis plus de 40 ans la gauche a déçu en ne faisant rien d’autre que de poursuivre les logiques du libéralisme. La notion de gauche tend à perdre de son sens. Les abstentionnistes en savent quelque chose. Là où il y a une spécificité du vote RN c’est l’instrumentalisation d’une nostalgie des décennies passées qui nourrit des attitudes à la fois superficielles et moralisantes. Il donne à ces attitudes un sens de dynamique politique. Celles et ceux qui se sentent méprisé·es par la vie politique se retrouvent dans le camp des réprouvé·es. On ne peut se satisfaire de la condamnation du RN même si elle est nécessaire. Prenons en compte combien aujourd’hui la conception délégataire nourrit les frustrations. Plus que jamais faire participer les intéressé·es à l’élaboration de réponses alternatives à leurs situations et qu’à partir de leurs réponses ils puissent eux-mêmes commencer à dessiner les contours d’un projet de société qui leur convienne, est la piste qui ouvre sur le recul du RN.
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