Samedi 23 novembre 2024, partout en France, les femmes manifesteront contre les violences sexistes et sexuelles, les violences sociales et violences d’État. Alors que l’égalité des droits est désormais inscrite dans la constitution, que l’avortement est légal et inscrit dans la constitution comme liberté fondamentale, que le viol est un crime, nous assistons à un regain des mouvements féministes en France et dans le monde. Pourquoi malgré ces luttes exemplaires, existe-t-il encore autant de féminicides, autant de violences sexistes et sexuelles ? Comment les viols de Mazan ont-ils pu avoir lieu ?
Où en sommes-nous du processus historique du mouvement d’émancipation des femmes ?
Comment poursuivre et affronter l’ensemble des systèmes de domination ?
Femmes en lutte,
hier, aujourd’hui, demain
Le mouvement de libération et d’émancipation des femmes est au cœur de tous les enjeux de société. La différence de sexe a une dimension universelle et traverse toutes les discriminations, de classe, de « race », de culture, de religion.
Dans leurs mouvements d’émancipation, les femmes ont très tôt pris conscience que les dominations ne se réduisaient pas au « rapport de classe » mais recouvraient d’autres rapports sociaux, de « race », de sexe, de cultures. Pour elles, l’intime et le quotidien sont traversés par les rapports de pouvoir qui nécessitent d’agir à la fois dans l’espace privé et dans l’espace commun en faisant émerger leurs dimensions sociales et politiques. Elles ont également fait la démonstration que l’émancipation n’est pas le cadeau final une fois la Révolution faite, mais qu’on peut commencer à se libérer soi-même avant même d’avoir obtenu ce que l’on vise.
Alors que l’égalité des droits est devenue un principe constitutionnel, que l’avortement est légal et inscrit dans la constitution comme liberté fondamentale et que le viol est un crime, les mouvements féministes persistent voire se renforcent. Avec #MeToo et les nombreux mouvements des femmes dans le monde, nous assistons à un regain des mouvements féministes. Pourquoi malgré ces luttes exemplaires, existe-t-il encore autant de féminicides, autant de violences sexistes et sexuelles ? Comment les viols de Mazan ont-ils pu avoir lieu ? Où en sommes-nous du processus historique du mouvement d’émancipation des femmes ?
Des débats stratégiques traversent les mouvements féministes. L’intersectionnalité nous apporte une réflexion précieuse sur le croisement des dominations et des oppressions et la diversité des expériences des femmes, sur l’instrumentalisation du féminisme à des fins islamophobes et racistes et sur la déconstruction du genre. Ce courant féministe analyse l’oppression en tant que « privilège » participant d’un système global qui permet aux hommes de maintenir leur domination.
Comment poursuivre ce mouvement qui permet de mettre en évidence le lien organique entre classe, genre et « race » et pour affronter l’ensemble des systèmes de dominations dans ce qui fait leur cohérence ? De quel imaginaire désirable avons-nous besoin pour construire l’alternative ?
Azadeh Kian (Iran), Nara Cladera (Amérique Latine), Florence Ciaravola, Julie Ferrua nous apportent leur regard à l’échelle du monde.
Magali Dellasudda analyse le mouvement des Femmes Gilets Jaunes. Josiane Zarka s’interesse à l’imbrication des systèmes de dominations dans le travail reproductif.
Marina Nedellec rend compte d’un stage syndical de la FSU Bretagne sur les luttes féministes. Guillaume Bodinier s’interroge sur sa place dans ce mouvement féministe. Lydie Porée insiste sur l’enjeu de l’éducation à la vie affective et sexuelle.
Dans le domaine littéraire, Alexandra Pichardie nous invite à ne pas baisser la garde face aux schémas patriarcaux.
Christiane Marty tente la jonction entre les féministes intersectionnelles et les féministes universalistes.
Et les hommes dans le mouvement d’émancipation des femmes ? Bénédicte Goussault donne son point de vue.
Enfin Daniel Rome rend hommage à plusieurs féministes historiques.
La rédaction
Image : ©noustoutes.org
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