Les mobilisations pour l’égalité femmes-hommes, pour les droits spécifiques des femmes, contre les violences sexistes et sexuelles se multiplient dans le monde, prennent de l’ampleur et sont de plus en plus reliées entre elles.
Cette révolution féministe mondiale est un processus de changement profond et universel, une évolution sur le fond vers l’égalité et l’émancipation où toutes les générations sont mobilisées et particulièrement les jeunes.
La dynamique #metoo continue dans tous les pays et toutes les sphères de la société (cinéma, culture, sport, hôpital, vie politique), les luttes pour le droit à IVG ou contre les féminicides sont des enjeux mondiaux, le procès des violeurs à Mazan connaît une portée internationale.
Des avancées existent dans plusieurs pays comme le droit à IVG en Argentine, la prise en compte réelle des violences sexistes et sexuelles en Espagne ou l’inscription de l’IVG dans la Constitution en France.
Cependant, cette révolution suscite des réactions d’hostilité, parfois violentes, souvent en lien avec l’extrême-droite, car elle menace l’hégémonie masculine et patriarcale. La révolution féministe, qui aspire à l’égalité et à l’émancipation, est perçue comme une menace insupportable pour les tenants de l’ordre établi, qui voient leur position dominante dans une société inégalitaire remise en question. Les droits des femmes subissent des reculs réactionnaires : remise en cause de l’IVG dans plusieurs pays, victoire possible de Trump, arrivée au pouvoir d’hommes autoritaires et fascisants (ex : Argentine), dégradation extrême de la situation des femmes afghanes, retrait de la Turquie de la Convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre les violences …
Faire barrage à la contre-révolution, continuer et contribuer à cette révolution est nécessaire car dans beaucoup de régions du monde les droits des femmes et des filles sont largement bafoués ou en recul et aucun pays au monde n’a atteint l’égalité de genre.
Que faire maintenant pour que ce processus de révolution féministe mondiale continue ? Participer à toutes les mobilisations, contribuer à leur élargissement, articuler les différentes thématiques féministes violences, IVG, égalité, discriminations…, imbriquer le féminisme avec les luttes contre les autres dominations de classe, de « race », Nord-Sud, … et porter toujours nos exigences émancipatrices et égalitaires.
A la veille de la journée internationale contre les violences faites aux femmes, au moment où le procès des violeurs de Gisèle Pelicot connaît une ampleur mondiale, les féministes réaffirment leur exigence d’une loi-cadre intégrale contre les violences, comme en Espagne dédiant de nouveaux droits dans le monde du travail et prenant en compte tous les aspects de la lutte contre les violences : un continuum de mesures pour faire face au continuum des violences.
Le féminisme ce sont des luttes mais aussi des pratiques.
Ainsi, la particularité de l’organisation des féministes en collectifs spécifiques ou inter-orgas, à différentes échelles, a joué un rôle primordial dans les mobilisations et leur succès (8 mars, 25 novembre, grève féministes…).
Elles y ont inventé de nouvelles pratiques, renouvelé le féminisme, tout en agissant au sein de leurs organisations (syndicats, associations ou forces politiques).
De plus en plus, les mouvements féministes sont reliés aux luttes et mouvements sociaux ou écologistes qu’elles renforcent et dynamisent comme on l’a vu lors de la récente mobilisation retraites en 2023.
Pour avancer vers une société égalitaire et émancipatrice pour tous et toutes, le rôle de l’éducation reste essentiel pour l’apprentissage de l’égalité filles garçons, de la notion de consentement, la lutte contre les stéréotypes et discriminations. Il est temps par exemple rendre effectives dans les établissements scolaires les heures de vie affective, relationnelle et sexuelle.
Nous devons travailler aussi à faire reculer les comportements autoritaires et virilistes dans les organisations et dans un souci pédagogique, éducatif et culturel, l’utilisation de l’écriture égalitaire et la parité stricte et effective sont des priorités.
Dans plusieurs régions du monde, le féminisme n’est plus à contre-courant, l’imaginaire d’une société juste et égalitaire est à notre portée, mais il nécessite une mobilisation continue, collective et déterminée. “Femme, Vie, Liberté”, le slogan de la révolution iranienne non aboutie, rythme nos luttes !
Florence Ciaravola
Image : ©capiremov
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