TRUMP : LA RUPTURE FASCISTE
Une vague brune a déferlé sur les Etats-Unis. La victoire (le triomphe ?) de Trump signe la fin de la paisible alternance entre le parti démocrate et le parti républicain.
Le parti démocrate est en lambeaux. Avec plus de 72 millions de voix pour Trump contre 67 millions pour Harris (à ce stade pratiquement achevé des dépouillements), et un taux de participation de 64 %, la nouvelle droite américaine s’installe durablement. La crise d’hégémonie des deux partis des classes dominantes s’est résolue dans le trumpisme qui a constitué un bloc social alternatif réactionnaire rassemblant une fraction importante du patronat (dont celle de la high-tech !) et les couches populaires (majoritairement blanches) aigries par un sentiment de déclassement social et de dépossession de leur destin.
Paradoxe apparent, la mondialisation capitaliste a violemment percuté les États-Unis, ou du moins ses couches populaires, qui n’ont plus trouvé tant dans le Parti démocrate que républicain « ancienne version », la « protection sociale » dont elles avaient cru bénéficier pendant de longues décennies. Le programme violemment néo-libéral (jusqu’à la suppression du ministère de l’éducation) de Trump est enrobé d’une rhétorique raciste et machiste-masculiniste qui fait appel aux plus bas instincts de foules aboyeuses qui suivent le magnat de l’immobilier, et qui constitue un puissant « calmant » ou « soporifique » aux attentes sociales de la fraction populaire de son électorat.
Pour ce faire Trump a d’abord réussi à mettre définitivement la main sur le parti républicain, éliminant de ses rangs et de sa direction ceux et celles qui s’inscrivaient dans le respect des « us et coutumes » du fonctionnement interne de la première puissance impérialiste mondiale et qu’ils et elles partageaient avec le parti démocrate. Depuis sa défaite face à Biden, le camp Trump s’est constitué un corpus idéologique de rupture totale avec les principes démocratiques élémentaires. L’assaut du Capitol en janvier 2021 n’étant qu’une répétition générale de ce qu’il faudra faire au cas où. À une échelle de masse s’est donc constitué un mouvement d’extrême droite confiant et en pleine croissance, ouvertement soutenu par une coterie de milliardaires qui ont les yeux rivés sur la vengeance nécessaire contre une longue liste d’« ennemis de l’intérieur ». Ce courant a d’ores et déjà mis en œuvre là où il le pouvait son programme. L’interdiction de l’avortement dans les États qu’il dirige constituant une priorité. Mais aussi par exemple, l’épuration des bibliothèques scolaires de tous les ouvrages « nocifs » comme ceux de Toni Morrison, autrice afro-américaine, prix Nobel de littérature.
La nouvelle administration Trump va appliquer sa politique pro-capital et s’opposera au mouvement ouvrier et au camp progressiste par en bas (les femmes, les jeunes, LGBT…). D’emblée le rapport de force n’est pas favorable à ces dernier·es. Cependant, comme nous nous en avons fait l’écho dans Cerises, le prolétariat américain montre une nouvelle vigueur combative notamment avec la récente grève massive à Boeing (33 000 ouvrier·es) qui au terme de 7 semaines de grève a pratiquement obtenu satisfaction, et venant après celles tout aussi importantes dans l’automobile. De plus un courant réformateur-radical combatif s’impose de plus en plus dans le mouvement syndical.
7 novembre 2024
Patrick Le Tréhondat
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