Longtemps les femmes qui voulaient publier des textes, romans ou autres œuvres littéraires ou artistiques étaient obligées de masculiniser leur nom, longtemps un grand nombre d’activités sportives étaient interdites aux femmes et elles étaient obligées de se grimer en homme pour participer aux compétitions. Ça a été le cas pour Amantine Aurore Lucile Dupin, Jeanne Loiseur ou Katherine Burdekin[1] car la misogynie dans le monde littéraire ou sportif était dominante. En effet une femme ne pouvait pas égaler un homme.
L’Histoire contemporaine est émaillée de femmes qui contre vents et marées ont défendu avec courage le droit des femmes à disposer de leur corps, le droit des femmes à s’émanciper de la domination patriarcale.
Je pense tout d’abord à Artemisia Genteleschi (1593-1656) fortement influencée par Le Caravage. Très jeune et dans le sillage de son père Orazio elle montre tout son génie. Elle est violée très jeune par l’ami de son père Agostino Tassi. L’affaire est portée devant un tribunal papal un an après le viol pour « stupio violente » (défloration par force). Le procès dure 9 mois et revêt des moments très humiliants pour Artemisia et ô miracle ! si je puis m’exprimer ainsi, elle obtient gain de cause : le violeur est condamné à 5 ans d’exil, ce qui est un événement pour l’époque.
Olympe de Gouges (1748-1793) née Marie Gouze est une femme de lettres et femme politique qui s’est beaucoup impliquée pendant la Révolution française pour faire reconnaître les droits civiles et politiques des femmes. Elle mène aussi un combat contre le colonialisme, le racisme et contre l’esclavage. A la suite de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen en 1789, elle rédige la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne.
« Article premier. La Femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.
Article 2. Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de la Femme et de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et surtout la résistance à l’oppression.
Article 3. Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation, qui n’est que la réunion de la Femme et de l’Homme : nul corps, nul individu, ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément. »
L’article 10 précise : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, mêmes fondamentales ; la femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la tribune : pourvu que ses manifestations ne troublent pas l’ordre public établi par la Loi. »
La Déclaration d’Olympe de Gouges ne parut qu’en cinq exemplaires en septembre 1791 et resta à l’état de projet car elle ne provoqua chez les députés que quelques sarcasmes ou de l’indifférence. Il faut attendre 1840 pour que quelques extraits soient publiés, et l’intégralité du texte ne l’a été qu’en 1986, par Benoite Groult.
Daniel Rome
[1] Respectivement George Sand, Daniel Lesueur, Murray Constantine
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