Quelle alternative de santé publique avec le Nouveau Front Populaire (NFP) ?

Le vote RN battu aux dernières législatives n’indique pas sa défaite. L’affronter sur sa défense des services publics, qui surfe sur le sentiment d’abandon de populations devant les difficultés majeures d’accès aux soins, est un axe concret d’une lutte de conscientisation politique à tenir dans le Nouveau Front Populaire. En réalité, le RN ne propose aucune autre réelle alternative que le refus de soin aux migrants (Aide Médicale État). Mener une campagne avec le Collectif inter-hôpitaux (C.I.H) qui s’adresse aux 30% de soignants qui ont voté RN, est à soutenir comme thématique des luttes le plus souvent locales contre les fermetures de services de soins, d’urgence ou d’accompagnement médico-social, de maternités par manque organisé de personnels soignants. Cette adresse face au RN concerne tous les services publics en souffrance et producteurs de ce qui fait souffrance psychique, dite de santé mentale des populations, premier poste de remboursement avec la cardiologie de la sécurité sociale. La vacuité du programme santé du RN s’alimente de la défiance du gouvernement, face à la destruction globale des protections et des droits. Le combattre demeure la revendication de la nécessité humaine d’un accès aux soins inconditionnels et de l’Aide Médicale d’État (AME) pour les migrants.

Le NFP est devenu le groupe majoritaire mais sans majorité absolue. La proposition commune de Lucie Castets comme chef du gouvernement centré sur la défense des services publics se heurte à l’Assemblée nationale à la stratégie politique de Macron, et suppose en santé de soutenir de réelles mobilisations concrètes, qui restent aujourd’hui locales.

Ce double rappel concret permet de construire l’alternative d’une mobilisation commune dans des assemblées citoyennes du NFP élargies à l’ensemble des forces de gauche, des mouvements politiques aux syndicats et aux associations comme la Ligue Des droits de l’Homme.

La mobilisation possible, face à la destruction par les financiarisations de marchés, est relativement claire pour nombre de militants quand il s’agit de défendre la sécurité sociale solidaire et les services publics de santé. Il en a été de même quand dire Non à une loi retraite scélérate qui impose de travailler 2 ans de plus qui a mobilisé des millions de personnes dans la rue. Les pancartes associant la bonne santé dans la retraite s’associent aux vécus de souffrances au travail issues du travail aliéné du mode de production capitaliste, mais aussi des atteintes permanente aux droits du chômage. La conscience du solidaire dans la population reste cependant à dépasser son vécu d’assurance individuelle, dérive alimentée par l’aval de Marisol Touraine sous la présidence Hollande qui réduit le service public généraliste à un service au public selon ses moyens financiers. Les effets de ce darwinisme social (Michel Husson) sont clairement vécus quand il n’y a plus de réels services publics accessibles, quand la crise des urgences et les déserts sanitaires témoignent de leur destruction, quand le tri dans l’accès aux soins entraine ses renoncements dans la population. Le vécu traumatique de la subjectivité en crise réactualise les effets mortifères de la pandémie du covid où, face à l’incurie du gouvernement à le traiter, ayant détruit tous les moyens de santé publique. Les mesures de confinement en ont montré l’exil chez soi et la perte du lien social face au risque de la mort. Les conséquences de santé mentale perdurent au premier plan, ne serait-ce que les suicides dès l’enfance et chez les étudiant.es réduit.es à la précarité sociale des files des restos du cœur pour s’alimenter. Il demeure de cette période de détresse et de précarisation les mobilisations d’usagers en soutien aux soignants qui se conjuguent depuis plusieurs années avec celui de soignants en grève, quand une structure locale ou un service ferme. Ces actions locales ont été en partie rassemblées avec la Coordination de défense des hôpitaux et de maternités de proximité et Le tour de France santé PLFSS récent de NSED, mais restent à confirmer en actions centrales durables

Construire des assemblées populaires NFP appelle donc à se réapproprier concrètement en commun : nous ne partons pas de rien ! L’inscrire dans un projet de dépassement émancipateur nécessite de partir de l’action concrète qui accompagne une réelle réflexion politique

Jean-Pierre Martin