Culture.

PArce qu’on ne peut pas s’émanciper sans aile !


Avignon 2024

3 Juillet : Avignon bruisse, Avignon palpite, Avignon chauffe ; la politique et les questions sociales qui nous ont tant préoccupées ces derniers mois n’ont pas perdu leurs droits mais elles se jouent maintenant sur scène et à travers le théâtre… qui leur donne tout leur sens : les questions de pouvoir, de démocratie, de justice, d’égalité, de rapports de genre sont bien présentes à Avignon…

Le Portugais Tiago Rodrigues dramaturge, homme de théâtre, qui dirige le festival depuis 2022 à la suite d’Olivier Py, le dit haut et fort « ce serait une trahison à l’histoire du festival que de collaborer avec l’extrême-droite ». Sa pièce « Hecube, pas Hecube » dans la carrière de Boulbon, le prouve : inspirée d’Euripide, elle articule tragédie grecque et problème d’actualité de la maltraitance d’enfants handicapés.

L’Espagne est le pays et la culture en vedette en 2024 à Avignon ; Angelica Lidell dans la cour d’honneur (première femme réalisatrice dans la cour d’honneur !) nous décoiffe encore une fois avec « Damon ou les funérailles de Bergman » qu’elle admire depuis toujours en parlant de « pornographie de l’âme… ce dont on n’ose pas parler dans les dîners en ville ».

On pourrait évoquer Absalon, Lacrima, Qui som ? ou même Cercles de Boris Charmatz qui nous a tant déçu…

Comme chacun le sait la programmation du festival d’Avignon se répartit entre « inn » et « off », le Inn est institué, connu et reconnu, médiatisé ce qui le rend plus convenu et plus attendu que le off dans lequel 1400 troupes se produisent souvent très jeunes et surtout pleines d’imagination, de surprises et d’inventions théâtrales.

Par exemple, « Le repas des gens » petit dîner intime d’un couple sur scène qui s’étonne de la présence du public, une réflexion sur ce qu’est le théâtre dans un va et vient entre vie quotidienne ordinaire et théâtralisation dans un excellent jeu d’acteurs.

A côté de « grandes œuvres », Avignon reste une vitrine irremplaçable pour des productions plus « modestes », à l’instar de « C’est comme ça » – spectacle pour changer le monde en 1 heure » d’Yvan Loiseau, par ailleurs créateur de la plus grande table du monde. Ou de « Chaudun, la montagne blessée », de notre ami Laurent Eyraud-Chaume, Compagnie du Pas de l’oiseau, récitant l’épopée d’un village qui lutte pour sa survie.

Dans les discussions et rencontres au gré des rues et des scènes, l’inquiétude était palpable après les résultats électoraux et la perspective du RN au gouvernement. La culture et le spectacle vivant, aussi, sont une plaque sensible de la société.

Bénédicte Goussault, Patrick Vassallo

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