Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Tout commence ou à qui appartient l’avenir ?

A l’heure où j’écris ces lignes, on ne sait pas encore ce que sera le gouvernement. Les médias nous poussent à avoir le nez en l’air pour attendre que la suite vienne d’en haut. Mais est-ce là-haut que tout se joue ? Le vote NFP auquel participent syndicats et associations, semble franchir un cap de la dissociation du social et du politique ainsi que dans le dépassement de la soumission à « ceux d’en haut ». Partis, syndicats, associations sont interpellés : les rapports de verticalité entre appareils et « les gens » deviennent inefficaces. Se comporter comme des profs expliquant à des ignorants est vexatoire. Une part du vote RN en découle. C’est dans l’absence d’alternative, à partir des déceptions provoquées par 4 passages de la gauche au pouvoir que s’inscrit le vote RN. Pourtant celle-ci avait alors la majorité absolue. Il ne faut pas que cette fois au nom de la gouvernementalité du pays, elle renâcle devant le pas à franchir.

L’époque où on est citoyen/ne seulement le temps de mettre un bulletin dans l’urne pour désigner qui seront nos maîtres est révolue. Le système politique hérité de la fin du XIXème siècle est frappé d’obsolescence. Ce n’est pas propre à la politique. Les rapports verticaux étaient inscrits dans ce qu’impliquait la révolution industrielle. Aujourd’hui, ils sont en voie de dépassement : au travail le recours croissant à la prise d’initiative individuelle est même réclamé dans les entretiens d’embauche, le mouvement féministe, des migrants, les Gilets Jaunes, les handisports, nombre de mouvements écologistes et sociaux disent combien l’émergence de l’individuation bouscule ce qui est attendu des rapports sociaux et donc aussi de la conception de la politique : je suis ce que je suis donc je compte pour un/e à part entière ! Un plateau de chirurgie ou une équipe de foot dit combien le collectif se nourrit de la reconnaissance d’individualités distinctes. L’écologie, le féminisme disent combien cette individuation porte du commun. Le rejet du système sert de référent pour un bloc social en cours de formation et exprime une aspiration à être reconnu : ceux d’en bas contre ceux d’en haut. Or ce rejet du système anime nombre d’abstentionnistes et d’électeur.trice/s du RN.

Il n’y aura pas d’aménagement ni de retour à un passé définitivement révolu. Ne pas l’intégrer nous enfonce dans une crise profonde et dangereuse. Rien de positif ne bougera sans faire découler de ces réalités des démarches qui visent un type de démocratie leur correspondant.

Le succès du Nouveau Front Populaire ouvre de nouveaux possibles. A condition que le système ne soit plus vécu comme indépassable. En partant des enjeux du moment, les mouvements comme celui des Gilets Jaunes ou plus récemment sur les Retraites peuvent faire émerger de nouveaux rapports entre citoyen/nes et élu/es, ces dernier/es devenant des porte-paroles saisis à chaque fois de mandats précis et impératifs. Ce qui suppose que ces mouvements s’étendent à l’élaboration des solutions. Est-ce croire à la spontanéité ? Au contraire, c’est plaider pour ne pas en rester à dire NON aux mauvais coups mais pour prendre l’initiative de soumettre au débat public la construction d’éléments de réponses. Un récent sondage dit que 82% des interrogés demandent à puiser dans les profits des géants de l’économie. N’est-ce pas cela la lutte des classes ? Faire parler davantage les gens est peut-être aussi le moyen de dépasser des propos qui relèvent de l’eau tiède et les risques de déception. 

Pierre Zarka

Cet article fait partie du dossier :

Horizons d'émancipation

Et maintenant ? Tout reste à faire !

Au lendemain du second tour des élections législatives,  alors qu’aucune majorité cohérente ne se dégage à l’Assemblée Nationale, comment faire démocratie ensemble ? Le système politique ...
Partager sur :         
Retour en haut