Le Collectif de Soutien aux Personnes Sans papiers de Rennes est un collectif d’individu.e.s avec ou sans papiers qui s’efforce de fonctionner de façon horizontale. Depuis 2002 il se réunit une fois par semaine, fonctionne au consensus et milite pour la régularisation de toutes les personnes sans papiers à travers occupations, soirées d’information, manifestations… En moyenne les Assemblées Générales réunissent de 20 à 40 personnes, avec une répartition très variable entre les personnes sans-papiers et les soutiens. Une liste de diffusion publique permet les échanges et les informations (environ 800 personnes y sont inscrites).
En parallèle un groupe non mixte de femmes se réunit environ 2 fois par mois.
De même une permanence juridique, « délit de Solidarité », se tient toutes les semaines.
Quelques jours avant l’arrivée au parlement de la loi Darmanin, le Collectif a décidé de lancer une semaine d’information à destination des rennais.e.s. 4 soirées ont ainsi eu lieu, avec pour thèmes l’hébergement d’urgence, comment devient-on sans papiers ?, l’immigration en France, et une analyse des mesures figurant dans le projet de loi Darmanin.
La semaine s’est terminée par une manifestation dans les rues du centre-ville de Rennes.
De cette semaine, nous faisons un bilan mitigé, nous sommes déçu.e.s du point de vue de la fréquentation, la participation aux soirées n’ayant pas excédé 40 personnes, malgré de nombreuses diffusions de tracts. Par contre les échanges étaient riches et constructifs.
La manifestation n’a pas fait recette non plus, avec peu de militant.e.s politiques ou syndicaux, mais réussie, car nous avons été visibles et dynamiques !
Si le problème du contexte général hostile a été pointé, plusieurs limites collectives ont été mises en avant. Ce bilan nous a amené à questionner le fonctionnement du collectif et l’efficacité de ses actions:
Les distributions de tracts servent-elles à mobiliser ?
Faut-il aujourd’hui être plus actifs.ves sur les réseaux sociaux pour toucher au delà des cercles habituels de la cause des sans-papiers ?
Faut-il mesurer la réussite d’une manifestation uniquement au nombre de ses participant.e.s ?
Par ailleurs, nous constatons que les personnes sans-papiers fréquentent la permanence juridique, mais sont moins présentes lors des actions du collectif.
Cela nous interroge sur le rôle de la permanence juridique : doit-elle se transformer en simple ” permanence de services “, en simple « guichet pour les seuls papiers », ce qui lui fait perdre son statut de « porte d’entrée » dans le collectif et la lutte ?
Doit-on conserver cette permanence juridique si elle ne sert qu’à des formes d’aide « humanitaire » et individuelle, si elle débouche sur une forme de lutte politique dans laquelle les « soutiens » font tout le travail militant et prennent tout le pouvoir ? Est-ce qu’une lutte menée sans les premier.e.s concerné.e.s est vouée à l’échec ? Comment éviter la domination « des blancs/blanches » ?
De nombreuses questions se posent donc… Elles ne sont pas récentes mais toujours d’actualité!
Continuons la lutte, régularisation de toutes les personnes sans-papiers, libre installation, libre circulation !
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