Un petit bijou, au théâtre de la Villette jusqu’au 9 décembre, après avoir été présenté à Avignon et suivi par une tournée internationale
Milo Rau suisse et directeur du NTGent de la ville de Gand en Belgique est un auteur engagé qui reprend les mythes universels de l’antiquité et les inscrit dans notre présent : après Oreste à Mossoul et Le Nouvel Évangile, il nous offre Antigone en amazone, liant, avec succès, art et activisme.
Après Eschyle, Sophocle, Cocteau, Anouilh et beaucoup d’autres, après Thèbes, Milo Rau inscrit la tragédie d’Antigone au XXI ème siècle, dans le mouvement des paysans sans terre au Brésil (MST) et leur résistance.
Antigone, figure de résistance radicale, enterre son frère Polynice malgré l’interdiction de Créon le tyran libéral, elle incarne la désobéissance civile au nom des lois divines supérieures aux lois étatiques.
De même les paysans sans terre brésiliens se révoltent et 19 d’entre eux seront massacrés dans une lutte politique contre le système capitaliste, la déforestation et l’injustice …
Milo Rau après un long travail avec les paysans sans terre au Brésil et en utilisant leurs mots pour ou avec ceux de Sophocle, fait un brillant aller et retour de la lutte individuelle d’Antigone à celle plus collective des paysans sans terre comme une même résistance.
La mise en scène est très convaincante entre le plateau où se déroule le procès d’Antigone repris par des vidéos (très bien utilisées) de la lutte des Sans-terre sur la musique du guitariste Pablo Casella.
Un bonheur
Bénédicte Goussault et Milo Rau, dramaturge, metteur en scène
Né à Berne en 1977, Milo Rau a étudié la sociologie ainsi que les langues et littératures allemandes et romanes à Paris, Berlin et Zurich, notamment avec Pierre Bourdieu et Tzvetan Todorov. Metteur en scène, dramaturge, essayiste, journaliste et réalisateur, il revendique un théâtre documentaire en prise directe, tel un « sport de combat », avec le monde et le présent.
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