Dix-huit drames du quotidien, dix-huit tableaux, poèmes en prose constituent la trentième œuvre de cette franco-sénégalaise qui s’évertue à soulever les coins cornés de l’existence, celle des invisibles et des laissés pour compte. Là où la nuit pour être noire n’est jamais porte conseil ; où le jour sombre parfois dans l’opaque.
Dix-huit regards un peu improbables, qu’on parcourt en trébuchant, comme si la lecture glissait comme sur un trottoir aux pavés disjoints. Cette écriture parfois hachée, respirant l’inattendu, le dérangeant, l’étoile qui s’envole du silence.
Dix-huit fois une certaine façon de voir le monde, ce passage journalier dont on banalise trop souvent les saillies discrètes. Ou qui suggère des rêves imparables, sublimant du commun, la grue, le cirque, le vaudou. Carré de senteurs où ordres et désordres jouent aux femmes comme aux hommes les sonates de la déstabilisation. Ce qui devait rouler… sans souci. Comme prévu. Les pigeons ont parfois plus d’attentions que ces passants.
Métro, périph, grilles de chaleur, coins de rue, ces transports se croisent. Qui s’y arrête ? Entre cour et jardin, terre-pleins et métro aérien, ces instants voltigent au gré des vitesses et des respirations. Soupe populaire ou accommodement des restes, nous voici de plein pied dans la vie qui va.
Le temps d’une Orestie, d’une agonie vaudou ; ou d’un sursaut. Dix-huit imprévisions qu’on lira en s’étonnant de n’y avoir pas songé plus tôt…
Patrick Vassallo
Laissés pour contes, journal des douleurs, Tristan Felix, éditions TARMAC, 2020, 75 pages, 12€
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