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RSA, CROISADE POUR LE TRAVAIL GRATUIT

Les allocataires du revenu de solidarité active RSA, premiers condamnés au travail gratuit …

Le versement du RSA devrait être conditionné à 15 heures d’activité par semaine. Des dérogations sont prévues, mais la mesure introduit le travail gratuit.

Le 23 octobre, sénateurs et députés se sont accordés sur une version finale du texte. Le projet de loi comporte la transformation de Pôle emploi en France Travail et le conditionnement du versement du revenu de solidarité active.

Conditions ?

Toutes les personnes sans emploi devront, d’ici 2025, s’inscrire à France Travail et signer un contrat d’engagement.
Pour toucher leur allocation mensuelle de 607 euros, les bénéficiaires du RSA devront s’acquitter d’au moins 15 heures d’activités hebdomadaires.
Le non-respect de l’engagement pourra conduire à une suspension, voire une suppression du versement de l’allocation.

Des exceptions ?

La durée d’activité pourra être réduite (moins de 15 heures) ou les allocataires pourront en être complètement dispensés s’ils rencontrent des problèmes de santé, de handicap ou dans le cas d’un parent isolé sans solution de garde pour un enfant de moins de 12 ans.

Quelles activités ?

Pour les autres, la nature des activités reste floue. Pour le ministère du Travail, il s’agit « d’immersion en entreprise pour affiner son projet professionnel », « d’obtention du permis de conduire », de « démarches d’accès aux droits » ou encore de « participation à des activités dans le secteur associatif ».

D’où le champ libre à l’arbitraire de France Travail.

Travail gratuit ?

Beaucoup dénoncent un passage vers le travail gratuit.

« On inflige aux bénéficiaires du RSA une triple peine : être pauvres, être stigmatisés et être obligés de travailler gratuitement », s’insurge Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT.

Un acte prémédité

1 – Grâce à cette mesure, la solidarité sociale est remplacée par ce concept péjoratif, les allocataires de prestations sociales sont des « assistés », qu’il faut rééduquer par le travail … Dans cette optique, même les repas gratuits seront passibles de travail.

2 – Le RSA ainsi dénaturé est un cheval de Troie contre le principe de Sécurité social. La rupture opérée consiste à soumettre l’assistance sociale aux objectifs d’emploi, d’équilibre financier, par la condamnation a priori de l’allocataire.

Le contrôle des allocataires est renforcé par la mutation de Pole Emploi en France Travail forcé, chargé de surveiller et punir.

3 – Au surtravail accumulé par les salariés du fait de l’extension du temps de travail (forfait jour, heures sup, télétravail …) s’ajoute cette menace, la légalisation du travail gratuit.

Nous voici revenus au temps de Lamennais, quand en 1839, dans son pamphlet « De l’esclavage moderne », il proclamait : « Les prolétaires, c’est-à-dire ceux qui ne possèdent rien, qui vivent uniquement de leur labeur », sont dans une situation comparable aux esclaves. « Le capitaliste et le prolétaire sont à peu près dans les mêmes relations que le maître et l’esclave. Certes le prolétaire est affranchi par le droit légalement libre, mais il s’agit, en dernière analyse, d’une fiction : dans les faits, il n’est qu’un instrument de travail dépendant du bon vouloir de l’employeur pour sa survie. »

Jean Gersin

La photo en tête de l’article : Harald Slott-Moller 1864-1937 Danish Les pauvres. La salle d’attente de la mort 1888

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