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« The old Oak » de Ken Loach       

« The old Oak » de Ken Loach

Pas de la charité,  de la solidarité

Comme toujours, on  attendait avec beaucoup d’intérêt le nouveau film de Ken Loach, qui pourrait bien être sa dernière fiction, et de Paul Laverty, son scénariste depuis trente ans.

Deux fois Palme d’or à Cannes, en 2006 pour « Le vent se lève » et en 2016 pour « Moi, Daniel Blake », Loach clôt avec « The old Oak » sa trilogie qui se déroule dans le nord-est de l’Angleterre. En 2016 arrivent dans un gros bourg marqué par la fermeture de la mine qui a entraîné le chômage et la misère, des bus transportant des familles syriennes, réfugiées de la guerre qui dévore leur pays. Leur installation provoque des réactions d’hostilité violente que le tenancier du pub, TJ Ballantyne observe de derrière son comptoir, sans rien dire. Jusqu’au moment où un échange avec une jeune syrienne, Yara, qui ne se sépare jamais de son appareil photo, va le faire sortir de sa réserve. C’est après avoir vu les photos de la grève des mineurs, affichées dans l’arrière salle du pub, que Yara, avec l’aide de la travailleuse sociale qui s’occupe des réfugiés, va proposer l’organisation d’une cantine pour toute la population qui soit à la fois un lieu de rencontres et qui permette à tous ceux, notamment les enfants, qui ne mangent pas à leur faim, de pouvoir le faire au moins deux fois par semaine. Car, comme le lui a expliqué TJ, et c’est une des leçons de la grève, « Si on mange ensemble, on se serre les coudes ». Bien sûr, les choses n’iront pas toutes seules…

Si «  Moi, Daniel Blake » relatait le combat kafkaïen d’un travailleur malade et d’une jeune mère célibataire obligés de faire appel à l’aide sociale et si « Sorry, we missed you » décrivait le quotidien d’un chauffeur livreur pris au piège d’une forme d’auto entrepreneuriat destructeur de sa famille et sa vie, Loach fait, avec « The old Oak », le tableau d’un gros bourg dont la mine a été l’activité principale jusqu’à la défaite des grandes grèves de 1984 qui marque profondément le pays avec la victoire du gouvernement conservateur  de Margaret Thatcher. Il dépeint à la fois des individualités mais aussi des réactions de groupes : ceux qui s’opposent à l’arrivée des réfugiés et, pour les plus durs, font assaut d’insultes et d’agressivité. Loach n’évite d’ailleurs pas les insultes sexistes qui visent Yara et sont particulièrement blessantes. Ceux qui soutiennent les réfugiés et surtout l’écrasante majorité de la population qui regarde et ne prend pas partie jusqu’au moment où… et ceux-là vont faire revenir l’espoir.  Ici pas de grande cause historique comme dans « Land and Freedom » ou « Le vent se lève », un film à hauteur humaine, plein de petites répliques, de remarques comme on en entend tous les jours dans la rue, les transports, les commerces. Loach gratte là où ça fait mal et démontre qu’il est possible d’embarquer dans un projet collectif qui fait revenir l’espoir. L’espoir, un enjeu politique !

Françoise LAMONTAGNE

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