Environ 260 organisations et 200 « personnalités » ont soutenu l’appel national. Des centaines de personnes ont participé aux ateliers/débats et sont passées dans les stands du Village des services publics, des milliers de personnes ont défilé dans Lure. Une très lourde préparation, un effort permanent durant des mois pour communiquer, stimuler et regrouper, un énorme travail d’organisation et de nettoyage et de rangements ont été assumés par un noyau très actif du Comité de vigilance de la Haute-Saône, appuyé par des forces vives incroyables comme les amis/es de Besançon, de Belfort, de Montreuil hors de notre département. Nous sommes épuisés/es, la tête encore dans les débats et les étoiles utopistes et pragmatiques de nos déclarations et résolutions, les moments conviviaux, les superbes artistes qui nous ont soutenus. Nous avons eu l’appui sans faille des employés municipaux et intercommunaux que nous saurons remercier encore plus que nous ne l’avons fait, et diverses associations locales ont ouvert leurs salles et prêté les matériels nécessaires. Sur ce plan de l’autogestion de l’évènement, c’est une vraie réussite.
La manifestation festive, dansante, chantante, avec une batucada d’enfer, une trentaine de Rosies déterminées et hyper impliquées, une fanfare de Battant (Besançon) d’exceptionnelle qualité, quatre voitures syndicales fortement animatrices (dont le groupe musical de Solidaires Doubs) et des slogans de lutte et d’espoir innombrables nous redonnent du tonus, d’autant que des délégations de toute la France étaient présentes : des Pyrénées au Nord, de la Bretagne à Toulon : le bus de Sarlat, qui faisait l’aller-retour en une journée, témoigne de cet énorme engagement. La fresque réalisée à Lure, en face de cette gare que nous défendons sans trêve, acquiert une dimension nationale et a été reproduite partout. Comme toujours les absents et absentes ont toujours tort, mais ici plus encore, vue l’ampleur inégalée des forces représentées et notre volonté humaniste, sociale et environnementale pour changer nos vies et notre société.
Mon seul regret c’est d’avoir oublié, alors que je comptais le faire, de saluer mon ami Charles Piaget, qui suit encore toutes les mobilisations depuis Besançon, qui connaît l’ampleur de nos rencontres, et qui sait nos combats permanents pour nos biens communs : c’est le 50° anniversaire de Lip 1973 !
Amitiés à toutes et tous, à celles et ceux qui se sont déplacés/es, souvent de fort loin, et qui rêvent de faire ailleurs la même chose qu’ici ; car nous devons essaimer partout et pour toutes et tous. Cela rejoint le vœu d’un autre comtois célèbre, Charles Fourier, qui espérait qu’une bonne réalisation locale (phalanstère), en devenant sinon modèle mais source d’inspiration, se multiplierait rapidement pour remplacer l’ancien monde, ou en tout cas le laisser de côté.
Il nous reste, tous ensemble, à faire le bilan national de ces rencontres, à produire les vidéos et les comptes rendus des ateliers, et à faire de la déclaration finale un tremplin pour nos mobilisations à venir.
Michel Antony, au nom de toutes les équipes d’organisation qui depuis un an sont mobilisées
Une lutte parmi d’autres : pour le maintien des guichets dans les gares !
L’Association pour la modernisation de la ligne Paris-Bâle (AMPB) et le Comité de vigilance de la Haute-Saône prolongent la rencontre de Lure, en relançant la lutte pour le maintien des guichets dans les gares de leur secteur (et bien sûr, partout ailleurs !).
« Une ouverture des guichets de gare, ainsi qu’une présence physique d’agents SNCF pour accueillir, informer et sécuriser les usagers sur les quais et dans les trains est pour nous une exigence. Une gare, c’est un lieu qui se doit d’être ouvert, attractif et où chaque voyageur doit trouver des aides, des conseils…
[…] Les gares sont constitutives de nos villes, et parfois encore de nos villages, elles doivent être conservées et améliorées, comme tous les autres services publics. Elles ne se réduisent pas à une activité spécifique, elles participent de la vie économique et sociale et de la qualité de nos communes. Comme on doit réhabiliter le transport ferroviaire (et surtout le fret vu les attaques actuelles) pour des raisons écologiques et économiques, on doit évidemment tout faire pour que les infrastructures nécessaires soient pensées pour répondre aux besoins des personnes et des territoires. […] Si la dématérialisation offre de nouveaux moyens d’accès aux services publics et permet de simplifier l’accès aux informations et aux documents administratifs pour une majorité d’usagers, elle comporte un risque de recul de l’accès aux droits et d’exclusion pour nombre d’entre eux surtout quand elle signifie la fermeture totale des guichets de proximité. […] Aussi l’affirmons-nous à nouveau haut et fort : Non aux fermetures de guichets dans les gares ! »Benoît Chauvez, président de l’AMPB et Michel Antony, président du CV 70
Pour des services publics en autogestion
L’Association pour l’autogestion était présente à Lure. Notre contribution se veut un outil de débats, à disposition de tous les collectifs militants qui le souhaitent. La perspective autogestionnaire n’est pas une vision abstraite ou intemporelle. Le démantèlement des services publics organisé par les États et les collectivités a des conséquences importantes et ôte des droits et des protections aux travailleurs/ses. Pour cette raison, il est indispensable de participer aux luttes pour les défendre, même en l’état ; mais ce n’est pas suffisant. Nous ne rêvons pas à un retour de services publics idéalisés, centralisés et gérés de manière bureaucratique. Au contraire, il s’agit de les développer et de les transformer profondément en les gérant démocratiquement. L’appropriation sociale permet de les sauver et de les développer. L’autogestion pose les questions de propriété, de financement, des modes de gestion, des relations sociales et de genre et de la composition des instances de gestion. Les biens communs universels (l’eau, l’air et la biodiversité), les biens sociaux (l’enseignement, la santé, la protection sociale, la recherche, les transports, etc.) et les biens publics doivent échapper à tout système de marchandisation et être socialisés.
Notre, court, texte aborde plus précisément la démocratisation de la gestion, le développement de services publics de proximité, la gratuité à grande échelle, les transitions à engager dès maintenant.
Christian Mahieux
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