Depuis 2018 le gouvernement démolit l’assurance chômage. Il joue de la profonde division au sein du salariat qui fait, des chômeurs et des précaires, un monde à part dont les salarié·es en emploi se sentent peu solidaires : depuis la fin des années 80 la vision du chômage a changé, faisant d’un privé d’emploi pour un temps victime du capital, un coupable responsable de son état, une charge pour la société.
Toutes les mesures, accentuées par les réformes récentes, visent à réduire les droits à l’indemnisation pour contraindre à reprendre n’importe quel emploi. La dernière loi vise à protéger les employeurs des risques dus à une amélioration de l’emploi qui modifiait le rapport de forces au profit des salarié·es. Dans un contexte de crise du travail, ils mettent en place des dispositifs pour garder « l’armée de réserve » en état de peser contre les salaires, les conditions de travail : dans une période où globalement le capital accroît sa part dans le partage des richesses le chômage, le chômage est un outil essentiel.
Mais ça va au delà : chômage, précarité, pauvreté, concourent à la division des exploité·es et sont – par la peur qu’ils inspirent – un outil disciplinaire primordial pour un management qui conjugue responsabilité (relative autonomie) individuelle et organisation capitaliste des entreprises où les actionnaires décident.
Les réformes de l’assurance chômage ont aussi pour fonction de rétablir l’autorité de l’État sur une institution de protection sociale et d’en faire un outil des politiques économiques étatiques en faveur du Capital ; et bientôt sur les autres (retraites et assurance maladie)
Voilà pourquoi Macron poursuit avec acharnement ses réformes et il se sert du recul idéologique qui atteint même un partie de la gauche, soucieuse de parler à un peuple qui critique et soupçonne les chômeur·euses.
Personne au-dessous du seuil de pauvreté!
Les syndicats se sont montré impuissants contre les dégradations de l’assurance chômage, ce qui accentue encore les divisions. Les intermittent·es ont réussi à limiter les dégâts et à empêcher la mort programmée de leur statut. Ils se sont fondés sur un modèle alternatif qui ne respectait pas les règles du marché du travail : le « nouveau modèle ».
Aujourd’hui face au désastre (et tirant le bilan des années précédentes) des syndicalistes commencement à remettre à l’ordre du jour le nouveau statut de travail salarié (voir https://ensemble-mouvement.com/nouveau-statut-du-travail-salarie/) et à poser des revendications immédiates qui aillent dans ce sens.
Mais ces revendications n’auront la place centrale dans l’espace public qu’en menant un campagne politique et culturelle de « réhabilitation » de ces populations aujourd’hui qualifiées d’assistées en mettant en avant la lutte contre les inégalités, contre les dividendes indécents des actionnaires, contre la sécession des riches incapables de contribuer à la société.
Cette campagne ne peut être audible que si nous apportons des réponses immédiates à celles et ceux qui sont aujourd’hui privé·es de droits : c’est pourquoi « personne en dessous du seuil de pauvreté » n’est pas seulement une mesure d’urgence sociale mais un projet de société qui peut vivre immédiatement.
La loi va devoir se mettre en place concrètement, il faut rendre encore plus difficile son application, jouer des contradictions de ces montages technocratiques : rappelons que des dispositions précédentes ont considérablement accru la crise des emplois saisonniers.
Etienne Adam animateur de la commission chômage précarité pauvreté travail d’Ensemble !
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