Culture.

PArce qu’on ne peut pas s’émanciper sans aile !


L’autre coopération franco-malienne

De même que l’Occident a « découvert » l’Amérique, on a coutume de considérer que la reconnaissance de la création culturelle africaine passe par sa conformité aux canons (postcoloniaux ?) de la pensée (forcément civilisatrice) occidentale…

La compagnie BaroDa (ex-BlonBa) à et de Bamako propose avec le théâtre de l’Arlequin à Morsang-sur-Orge une toute autre coopération, qui ne suppose ni n’aboutit à l’assimilation d’une culture par l’autre, ni même à juxtaposition. A l’occasion de l’Essonne Mali FESTival, toutes les actions possibles malgré la situation sanitaire ont été portées. La dernière création «  Kalach story  » résonne d’une brulante actualité : «  Une kalachnikov personnifiée séduit un aspirant émigré qui choisit de devenir son esclave. Il traverse l’Afrique et y sème la violence… » On vous promet que Bolloré ne sponsorise pas…

En attendant, la pièce, simultanément créée à Bamako et à Goma (République Démocratique du Congo), a eu un très fort impact en Afrique. A défaut d’avoir pu jusqu’à présent être montrée en France, la vidéo de la lecture recueille déjà de bons retours ; la crise sanitaire passée, le spectacle créé à Bamako devrait venir en France. 

Une performance danse/sculpture consacrée à l’importante confrérie initiatique malienne des korèdugaw, a elle put être montrée, dans les écoles notamment. Dans « La danse des korèdugaw, » l’imaginaire malien d’hier et d’aujourd’hui a constitué le contexte où le danseur Modibo Konaté et le plasticien Ibrahim Bemba Kébé ont fait voguer près de 700 élèves de France. Sont-ils essentiels ces moments de partage qui ont émerveillé d’emblée ces jeunes ? Est-ce une excellence vitale de donner joie, expérience, goût de la conversation entre cultures ? Cette « insémination croisée », indique-t-elle les prémisses d’un autre jour d’après ?

Trop souvent on accole à la reconnaissance d’une création (africaine) sa marchandisation, dans les canons de la réussite occidentale ! L’artiste devient alors un produit. Où tout le monde perd. De part et d’autre de la Méditerranée. Comme si l’essentiel était dans le placement, pas dans les regards partagés. Ici, dans cette discussion multiculturelle, les « histoires humaines » ne s ‘amarrent pas… hiérarchie respectée en ordre de marche, se combinent et s’enrichissent. En vrai. Dans cette modernité qui revient à la source, pas au (supposé) ruissellement…  Foin d’un peu d’exotisme dans le « monde de l’art » dominant. Cette auto création multipliée, aux disciplines artistiques diverses, innerve la pluralité des sources et des (vraies) identités. Le respect, en sorte, pas la beauté imposée.

Cette poly culture réellement co-élaborée va à l’encontre d’un temps humain uniformisé, assujetti à la dictature de l’immédiateté. On voit comme la fermeture des lieux de spectacles vivants prive non seulement le public d’une aération essentielle, mais prive la mise en conversation des cultures, bouleverse repères et expressions, renvoyant peuples et personnes à la plus haute des solitudes ou à l’étrangeté du rayon vert.

Au fond n’est-ce pas d’égalité en actes dont il est naissance ici ?

Patrick VASSALLO

Pour en partager plus : https://theatrearlequin.morsang.net/event/emfest-2021-en-ligne/ 

Sur le spectacle : https://lacompagnieblonba.net/class/kalach-story/

La vidéo d’une lecture du spectacle : https://vimeo.com/508730102

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