Cet article fait partie du dossier “Démocratie VS guerre sociale”. Les autres éléments de ce dossier sont à lire sur ce site :
- Prologue et table ronde
- Le Liban en révolution
- Capitalisme, libéralisme, néolibéralisme, les mots sont importants
- Les dangers d’un éco-fascisme
- Le populisme
- La démocratie dans les entreprises ouvre la voie au dépérissement de l’État
Le peuple chilien pourra-t-il élaborer une nouvelle constitution à partir d’une assemblée constituante ?
Non, si l’on se réfère au document intitulé « accord pour la paix sociale et la nouvelle constitution « document signé par tous les sénateurs et députés (à l’exception de ceux du parti communiste et de la gauche « radicale ») dans la nuit du vendredi 15 novembre. [1]
Depuis, des municipalités, le plus souvent pauvres et de gauche, ont organisé des consultations populaires (avec une très forte participation) où elles demandaient aux résidents de répondre à un questionnaire élaboré par des assemblées citoyennes.
La consultation posait des questions sur la mise en place d’une assemblée constituante populaire mais aussi sur les réformes vitales à entreprendre : retraites, santé, écoles, universités, socialisation des secteurs financiers, énergies, eau …
Le droit de vote était ouvert aux jeunes dès 14 ans car ce sont eux qui impulsèrent ce mouvement de contestation en décidant de sauter par-dessus les barrières d’accès au métro lors de l’ultime hausse des tarifs.
Les premières manifestations ont été sévèrement réprimées, notamment par l’armée appelée en renfort par le président Pinera (5ème plus grosse fortune du Chili). Cette répression, condamnée par l’ONU a fait 25 morts et de nombreuses autres victimes (tortures, meurtres déguisés en suicides, emprisonnements, des dizaines d’éborgnés …).
Aujourd’hui, après le vote par les députés et sénateurs de droite et sociaux libéraux d’une loi liberticide dite anti capuches, les manifestations de chaque fin de semaine sont moins violentes mais les revendications se sont élargies aussi au droit fondamental de manifester.
Comme en France, tout dépendra de l’engagement des classes populaires sur un temps long. La pauvreté longtemps niée par la droite et la gauche réformiste apparaît aujourd’hui au grand jour et la jeunesse dans sa grande majorité n’’en veut et n’en peut plus.
C’est l’avenir du pays qui se joue dans la lutte du peuple chilien face à la répression, pour relever ce triple défi, démocratique, social et environnemental.
Gilles Leroy
[1] Lire l’article du Forum pour la constituante
Le nombre de blessés oculaires s’élève à 359 au 30/12/2019 et l’année a clôturé avec 360 blessés au 31 décembre puisqu’une personne a perdu un oeuil le soir de la St Sylvestre.
Voici le bilan depuis le début de la révolte chilienne:
https://www.cnnchile.com/pais/informe-indh-lesionados-heridas-oculares-estallido-social_20191231/