Cet article fait partie du dossier “Démocratie VS guerre sociale”. Les autres éléments de ce dossier sont à lire sur ce site :
- Prologue et table ronde
- Chili : Démocratie contre pauvreté
- Le Liban en révolution
- Capitalisme, libéralisme, néolibéralisme, les mots sont importants
- Les dangers d’un éco-fascisme
- La démocratie dans les entreprises ouvre la voie au dépérissement de l’État
Le populisme gauche, chemin efficace à neutraliser la brutalisation voire la fascisation de la société ?
Sévère leçon d’Amérique latine, Brésil, Bolivie, Équateur, Nicaragua Argentine Uruguay Venezuela, le populisme de gauche a perdu la course de vitesse avec le populisme de droite. Amère aussi, la leçon électorale infligée aux populismes de gauche européens Podemos ou France Insoumise.
Le populisme se veut une stratégie politique qui entend unifier le peuple dans son opposition collective aux élites. Cette visée interdit de travailler les contradictions qui traversent la société afin de construire les alliances objectives entre les différentes strates. Probablement les danseuses de l’opéra ne se fondront-elles pas dans un « nous » compacte qui froisserait leur tutu. Mais à défendre leurs revendications spécifiques de retraite à 42 ans au nom de leurs trois siècles de culture chorégraphique, elles prennent leur part de construction d’alliance qui renforce l’opposition de tous à la réforme macroniène.
Les partis populistes de gauche se structurent autour d’un leader. Laissant peu ou pas de place aux pratiques démocratiques, l’essentiel étant de gagner l’élection. Ce choix n’est pas anodin quant à la brutalisation de la société. Cette ligne nie l’exigence de liberté, de démocratie, de droit à l’initiative. Une négation qui est aussi le bain idéologique nécessaire au capitalisme néolibéral. Totalement dématérialisé, complètement internationalisé il a cessé de produire pour gagner, il financiarise. À la vitesse d’un clic ! Finit le moment fordien qui le contraignait à laisser du grain à moudre, il lui faut alors empêcher, mater les révoltes, inscrire de la peur dans la société.
La crise démocratique inhérente au capitalisme néolibéral, fait contradictoirement entendre la nécessité de penser des modes d’organisation des dominés, syndicats, associations partis politiques ou rassemblement sur les rond points, comme des lieux déjà expérimentateurs de développements démocratiques. A contrario de l’option populiste.
Catherine Destom Bottin
A lire également
Quid de l’organisation révolutionnaire ?
Le conflit pour faire démocratie
Rennes, une citoyenne à la mairie