Les résultats du 3 novembre laissent un pays plus polarisé que jamais. La forte mobilisation électorale a profité à Biden mais aussi à Trump. La gauche démocrate sort renforcée mais moins qu’espéré ; la « squad [1]» sera rejointe notamment par Jamal Bowman et Mondaire Jones à New York, Cori Bush à Saint Louis, Marie Newman dans l’Illinois mais d’autres candidats comme Kara Eastman dans le Nebraska ou Mike Siegel et Candace Valenzuela au Texas ont raté de peu l’élection.
Plusieurs heures après la fermeture des bureaux de vote, l’incertitude demeure. Le risque est grand de l’exacerbation des tensions, du refus par Trump d’un résultat défavorable lié aux votes anticipés.
Si la victoire de Biden devait être confirmée la gauche américaine aura un rôle important à jouer dans l’application et l’amélioration du programme du nouveau président. Salaire minimum à 15€, gratuité universitaire pour les plus pauvres, renforcement de l’obamacare, plan d’investissement public massif notamment dans la transition écologique, augmentation de la fiscalité sur les entreprises etc … le programme de Biden est le plus progressiste depuis 1972. Sa concrétisation nécessitera d’affronter l’establishment démocrate et républicain. Le point positif est la conscience aiguë de cette réalité de la part des mouvements « radicaux » (DSA, BLM, Sunrise movement etc.) et la remarquable mission d’éducation populaire que mènent et vont continuer à mener AOC ou Sanders en appelant à développer cette mobilisation.
L’éventuelle victoire de Trump[2] nécessitera une résistance acharnée dans les consciences, la rue, les institutions pour éviter une fascisation du système. Cette résistance pourra s’appuyer sur les centaines de milliers de jeunes militants qui sont entrés en politique dans le sillage des campagnes de Sanders en 2016 et 2020. Une telle victoire, tout en perdant le vote populaire national, poserait encore plus que jamais la question de la réforme d’un système électoral injuste, archaïque, et qui tend à exclure les catégories populaires et les étudiants.
Même si le chemin est encore long, dans les prochaines années, la construction d’une majorité politique de rupture aux États Unis n’apparaît plus comme une utopie mais comme faisant partie du champ des possibles. La transition démographique et l’acuité des problèmes sociaux et environnementaux participeront de cette alternative. Au cœur de la première puissance capitaliste, les débats autour du socialisme n’en sont qu’à leurs prémices.
Yonnel Vignal
[1] La squad : les 4 parlementaires qui tiennent tête à Trump, Alexandria Ocasio-Cortez d’origine portoricaine ; Ayanna Pressley, élue noire de Boston ; Rashida Tlaib et Ilhan Omar, deux élues musulmanes du Michigan et du Minnesota, d’origines palestinienne et somalienne
[2] A l’heure où nous mettons le journal en page, nous ne connaissons pas les résultats définitifs
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