Jeune membre du large panel international des chercheurs mobilisés par la nouvelle édition des œuvres complètes de Marx et Engels (MEGA 2), et déjà prolifique depuis près de dix ans, l’auteur participe des relectures de Marx et Engels à l’aune des enjeux écologiques et sociaux actuels. Surtout à partir des notes et écrits les plus tardifs restés inédits où ses usages du concept de métabolisme et ses analyses d’un capitalisme systémiquement écocidaire apparaissent en contradiction avec un Marx technolâtre et productiviste. Après ses approches écosocialistes, et son livre « La nature contre le Capital. L’écologie de Marx et ses critiques inachevées du capitalisme » (Syllepse, 2018), ce livre défriche un « communisme décroissant », seule alternative vivable et juste, soutenable et désirable au capitalisme. Partant des critiques du capitalisme incapable de répondre à la crise proprement vitale et civilisationnelle qu’il provoque, il déconstruit la tragi-comédie des agendas gouvernementaux des Objectifs de Développement Durable, et des COPs aussi médiatiques qu’inefficaces. Autant d’illusions vertes qui obèrent le seul objectif impératif pour la survie de l’humanité : sortir du capitalisme, système dégénératif. Texte exploratoire, il embrasse quasiment tous les défis imaginables pour une sortie aussi vertueuse qu’émancipatrice. La dimension somme toute restreinte du livre au regard de l’ambition peut laisser le lecteur sur sa fin, mais sa tentative d’une cohérence globale pour crédibiliser la décroissance comme abondance radicale, frugale et sobre, pour toutes et tous l’emporte. Apport majeur à croiser d’urgence dans le débat avec d’autres voix et apports, il trouve un premier prolongement dans son nouvel opus (Slow Down. The Degrowth Manifesto 2024 non traduit).
Makan Rafatdjou
Moins ! La décroissance est une philosophie, Kohei SAITO, Seuil, 2024, 350 p., 23 €
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