C’est dans le hall du Théâtre Gérard-Philipe que commence cette pièce, inspirée de l’Assommoir et de la Bête humaine, d’après Zola. Eric Charon, du collectif in vivo, sait donner une belle modernité à des histoires qui datent, et ancrer son Théâtre dans le territoire qui le produit. C’est encore une belle tranche de vie du peuple, du prolétariat même, qui nous est ici proposée. Avec jalousies, tensions, le travail qui blesse et la bringue qui fait survivre.
Durant deux bonnes heures, désirs et rêves (fantasmes sociaux ?…) surgissent sur scène avec les accidents de vie et les scories de la domination masculine.
Dans ce quelque chose de singulier et d’intelligent, on trouvera que cette mise en scène fait contre-pied avec des adaptations de Zola (Gabin jouant Lantier, par exemple) par trop complaisantes avec la domination masculine.
Une scénographie dynamique, fort bien interprétée, est accompagnée tout du long par deux musiciens qui soutiennent efficacement le texte.
La harangue finale est d’une remarquable acuité. Si ces deux bonnes heures pourraient gagner quelques minutes, ce Zola-ci vient fort à propos à l’appui des mobilisations contre les violences sexistes et sexuelles.
Un bon moment utile.
Patrick Vassallo
Les chroniques, Eric Charon, d’après Émile Zola, production TGP, CDN de Saint-Denis, 20
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