Une version vidéo courte de cet article est en une du site. Ne vous étonnez ni de l’usage d’un pseudo, ni de l’accoutrement “reporter au front” de Corto. Mais lorsqu’on a connu la répression à Sainte-Soline, l’an dernier, on comprend bien que la prudence soit de mise, et que le terme de “guerre de l’eau” soit utilisé.
Une lutte écologique de grande envergure.
Du mardi 17 au dimanche 21 juillet a eu lieu une lutte écologique de grande envergure cristallisée dans un lieu nommé le “village de l’eau” situé à Melle dans les Deux-Sèvres.
Comme le nom l’indique ce village a été créé à l’initiative des collectifs “Bassines non merci” et des “Soulèvements de la Terre” pour continuer ce que l’on appelle “la guerre de l’eau “, qui a pour beaucoup commencé il y a un an et demi avec les évènements des méga bassines à Sainte-Soline.
Cette semaine de lutte a été l’occasion d’affirmer que l’eau est un bien commun et qu’un moratoire sur les méga bassines doit être mis en place par l’État.
La mobilisation voulant pointer les problématiques de privatisation de l’eau et rappeler que celles-ci sont locales mais également internationales, des militant·es venu·es d’autres continents se sont mobilisé·es au sein-même des manifestations. Il y avait des représentant·es du Mexique, Maroc , Palestine, Tibet, Liban, Kanakie, Rojava, Colombie… Lors de discours ielles ont rappelé que nos luttes sont interconnectées, que les luttes écologiques et sociales n’ont pas de frontières et que l’internationalisme n’est pas mort !
Ces discours couplés aux différentes tables rondes et assemblées générales permettent au peuple de se créer un lieu de vie démocratique. En autorisant la création du village de l’eau le maire de Melle souhaitait justement prouver que de telles dynamiques sont possibles et même nécessaires !
En une semaine c’est environ 30 000 personnes qui ont foulé le sol du village de l’eau, 30 000 personnes qui ont dû essuyer les contrôles policiers abusifs, le fichage de masse et la saisie d’affaires personnelles. L’État et le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin ont déployé plus de 3000 gendarmes et policiers pour tenter d’enrayer la lutte écologique et sociale. Les forces de l’ordre avaient à l’appui un décret préfectoral permettant la réquisition de matériel personnel allant des bouteilles en verre au masque ffp2 et sérum phy.
En permettant ces saisies le préfet voulait nous décourager et nous faire peur mais on n’arrête pas un peuple qui se bat, l’ambiance générale était aux retrouvailles et à l’espoir. Nous pouvions retrouver au sein du village des stands tenus par une grande diversité de participant·es (zadistes, syndicalistes, journalistes, médecins, psychologues, écrivain·es …).
La folie répressive s’est accélérée le vendredi 19 juillet quand les forces de l’ordre ont mis la vie des militant.es en danger en mettant le feu à un champ avec des tirs de grenades lacrymogènes. Non seulement les militant·es ont été mis·es à mal et ont dû annuler l’action mais c’est également un paysan n’ayant rien demandé qui s’est retrouvé avec une parcelle brûlée.
Avec ce feu l’État s’est mis une balle dans le pied car non seulement le paysan a porté plainte mais en plus de cela les médias ont pointé du doigt la dangerosité des forces de l’ordre.
Qui sont réellement les terroristes?
Pour terminer sur les violences policières subies ce week-end, samedi a eu lieu un grand rassemblement à La Rochelle avec comme objectif le blocage du port de La Pallise , première pièce du rouage agro-industriel favorable aux méga bassines.
Lors de cette manifestation un des deux cortèges s’est retrouvé nassé et gazé abusivement par la gendarmerie alors même que ces pratiques ont été interdites par le conseil d’État en 2020. Puis les canons à eau ont été sortis. Lorsque les deux cortèges se sont rejoints les gendarmes ont continué l’attaque alors même que des enfants, des personnes âgées et des personnes en situation de handicap étaient présentes.
Malgré ces répressions et l’abandon de la lutte vendredi c’est le positif qui l’emporte largement. Car oui ce dont je n’ai pas encore parlé ce sont les actions parallèles aux gros cortèges qui ont, elles, eu un réel impact.
Vendredi c’est plus de 600 cyclistes qui se sont réunis pour aller saboter une méga bassine proche du village de l’eau, avec des techniques ingénieuses les militant·es ont utilisé des cerfs-volants lance-pierre pour déposer des micro-billes au fond de la méga bassine, micro-billes qui gonflent au contact de l’eau et qui neutralisent les tuyaux!
Samedi matin ce sont une dizaine de tracteurs (préalablement cachés) qui sont arrivés de l’île de Ré avec des manifestant·es et ont bloqué durant des heures le port et l’entreprise en négoce céréalière Soufflet.
Enfin nous n’avons pas perdu car la lutte a été riche d’actes de solidarité. Vendredi alors que le soleil nous assommait, des villageois nous ont ouvert leur porte et distribué de l’eau à profusion. Samedi alors que la nasse battait son plein des habitants nous ont ouvert leur lotissement pour que nous puissions échapper à la fumée, c’est grâce à ces personnes que j’ai pu éviter de perdre conscience.
Un autre monde est possible et le système capitaliste s’essouffle, nous allons montrer que ce regroupement n’était pas le dernier ! N’hésitez pas à rejoindre la lutte, aucune forme d’engagement n’est inutile.
No basarán !
Corto
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