La divine surprise des résultats du second tour des élections législatives et l’immense soulagement ressenti d’abord par les jeunes et les moins jeunes parmi les personnes racisées et par toutes celles et tous ceux qui auraient été les premières cibles des néo-fascistes, ne nous empêche pas de dire que tout reste à faire.
L’extrême précipitation qui a suivi la dissolution a empêché que dans de nombreux territoires se mettent en place des lieux permettant la participation du plus grand nombre à la campagne électorale-éclair du NFP (Nouveau Front populaire).
Le plus souvent, la campagne a été assurée par la composante politique du NFP à qui a été attribuée la candidature de la circonscription.
Souvent, le brassage s’est fait avec d’autres composantes mais aussi avec un élargissement à des syndicalistes, des associatifs et de nouvelles venues et nouveaux venus, de toutes générations. Ce premier élargissement est prometteur et il est l’une des conséquences d’un événement majeur : l’engagement pour le NFP d’un très grand nombre d’associations, de collectifs citoyens, de syndicats et d’une partie de l’intersyndicale de la mobilisation des retraites. Un événement majeur qui rappelle ce qu’il s’était passé entre 1934 et 1936 au moment de la genèse du Front populaire. Faut-il rappeler que cela ne s’était produit ni dans le cas de l’Union de la gauche ni dans celui de la Gauche plurielle ou même du Front de Gauche ?
Dans quelques territoires, il y a eu mieux encore : ce sont des assemblées citoyennes qui se sont constituées quasi-spontanément dès l’annonce de la constitution du NFP, rassemblant parfois des centaines de participant.es immédiatement disponibles dont beaucoup de jeunes, en majorité sans appartenance politique, mais aussi avec toutes les couleurs de la gauche, non pas pour être réduit.es à des activités de distributions de tracts et de collage d’affiches ou à un soutien passif au/à la candidat/e, mais pour prendre en mains la campagne électorale dans tous ses aspects, de l’organisation du quadrillage territorial au porte-à-porte décisif à proximité des bureaux de vote les plus touchés par l’abstention, dans les quartiers populaires.
C’est la voie à suivre si on veut un NFP durable, ancré dans les territoires, non subordonné au sommet et aux aléas des changements d’orientation possibles de telle ou telle composante politique, et si on veut, plus que tout, que la politique et le NFP deviennent l’affaire de toutes et de tous, au lieu d’être confisquées par quelques professionnels de la politique ou du militantisme.
C’est donc la démocratie qui doit être aux commandes, une démocratie active, autogestionnaire.
De ce point de vue, les mots que nous utilisons ne sont pas innocents.
C’est bien sur des assemblées citoyennes du NFP, ouvertes à toutes et tous, que doit reposer l’ancrage du NFP, plutôt que sur des comités NFP, terminologie qui renvoie, qu’on le veuille ou non, à des structures pré-organisées, établies, réservées aux habitués, ou pire encore subordonnées à un/e candidat/e ou un/e élu/e.
Ce sont de telles assemblées, à l’échelle de tel ou tel territoire, qui pourront accueillir non seulement les nouvelles et nouveaux venu/es qui ont rejoint et fait la dynamique du NFP, mais plus largement celles et ceux que nous ne connaissons pas encore et qui contribueront à l’enracinement réel du NFP.
Il n’y a pas une minute à perdre : partout où de telles assemblées citoyennes n’existent pas encore, la priorité doit être leur mise en place, de manière combinée aux mobilisations sociales et citoyennes nécessaires, autre leçon du Front populaire de 1936 !
Bruno Dellasudda
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