Les électeurs ont montré qu’ils ne sont pas tombés dans le piège tendu par la droite, l’extrême droite et les médias : le programme du Nouveau Front Populaire serait irresponsable et dangereux pour le pays. Malgré le matraquage médiatique, près de 9 millions d’électeurs du 1er tour des législatives semblent avoir approuvé et donné une légitimité au programme du NFP : redistribuer les revenus du travail et l’argent public accaparés par les actionnaires vers les salaires, les services publics et les collectivités locales et replacer ces dépenses sociales et environnementales comme moteur de la relance économique.
Les électeurs ne sont pas dupes des pompiers pyromanes: c’est principalement leur choix politique de détourner l’argent public au profit des multinationales qui a affaibli le pays ; car il s’est fait au détriment des services publics, de la santé, de l’Ecole, de l’emploi et du pouvoir d’achat.
Ce message des électeurs confirme ce que notre journal avait documenté avant les élections à savoir la perte de crédibilité du récit néo-libéral qui se traduisait notamment par les difficultés du pouvoir à trouver une majorité sociale et politique pour mettre en œuvre son programme. Après les élections et au mépris de la volonté des électeurs, Macron va-t-il réussir à trouver une majorité pour appliquer sa politique néolibérale ? Va-t-il réussir à briser l’unité du Nouveau Front Populaire et à lui faire renier son programme? Ce qui se joue en ce moment est décisif pour le NFP et pour le pays : comment concilier unité du NFP et rupture avec la logique du capital ?
Pour déjouer le piège tendu par Macron, le verdict des urnes est un immense atout, mais, à lui seul, il ne suffira pas. Le Nouveau Front Populaire n’est pas majoritaire, ni à l’Assemblée nationale, ni dans le pays. La solution au problème n’est pas à rechercher dans les seules institutions ni auprès des partis politiques. C’est aux citoyens, ceux-là même qui ont permis la victoire du NFP, de continuer le combat partout dans le pays avec des assemblées citoyennes, les syndicats, les associations, pour que leur volonté pèse sur les choix politiques et soit suivie d’effet.
L’objectif de cette nouvelle étape de mobilisation serait d’élargir le débat et la réflexion dans tout le pays pour faire émerger une volonté majoritaire pour inverser la logique du néolibéralisme : montrer que les dépenses publiques et environnementales ne sont pas des coûts, mais peuvent ouvrir un cercle vertueux : l’augmentation du pouvoir d’achat et les investissements dans la transition énergétique permettraient de relancer la consommation et de remplir les carnets de commandes des PME. De même, l’augmentation des traitements des fonctionnaires et des autres, augmenterait les recettes du système de retraite. Enfin démontrer qu’il est possible et nécessaire pour financer ce programme et rompre avec la logique mortifère des puissances d’argent de puiser dans les immenses profits des actionnaires et des banques.
Josiane Zarka
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