Sauver la République face au chaos, à l’autoritarisme néolibéral et à la barbarie de l’extrême droite ne peut passer par un illusoire “barrage” dans un système institutionnel et représentatif exsangue. En finir avec la politique confisquée, cette démocratie fossile et nos vies mutilées, passe par une véritable refonte politique et démocratique qui ne peut se réduire à des promesses déclamatoires, et encore moins se réaliser en trois semaines !
Renoncements et ossifications politiques, unions de circonstance et désunions mortifères, promesses abandonnées et espoirs déçus ont installé une défiance et une colère profondes. La pente à remonter est abrupte mais nullement impossible. “Là où croît le danger croît aussi ce qui sauve” dit le poète. La “gauche” semble, enfin, avoir pris la mesure de ses responsabilités face aux enjeux historiques.
Le Front Populaire se veut bien plus large que les partis, et place urgences démocratiques, sociales et écologiques au premier rang des priorités. Cette initiative salutaire des partis est déjà sous la haute pression d’une vigilance syndicale historique, de mouvements associatifs forts mobilisés, et d’une exigence citoyenne sans précédent. Dans le contexte actuel elle n’est pas encore assurée !
Soutenir le FP sans hésitation et sans illusion, c’est acter que la victoire électorale, nécessaire, possible, mais nullement acquise, appelle une mobilisation exceptionnelle qui ne peut la tenir pour une fin en soi, mais seulement un commencement. Le FP ne peut gagner en allant chercher des voix, mais en redonnant la parole au peuple dans une dynamique citoyenne initiant un nouvel agir démocratique comme socle d’une nouvelle puissance populaire. Le FP doit être un mouvement pour redonner aux citoyens confiance en eux-mêmes en en faisant pleinement les transform-acteurs de la vie politique, maîtres de leurs destins individuels et collectifs.
Cette refonte démocratique impose une refonte institutionnelle. Le FP doit s’y engager avec d’autres mesures de ruptures emblématiques. Mais le champ des possibles est dès à présent grand ouvert pour d’autres pratiques politiques et démocratiques. Le FP doit initier un véritable pacte législatif démocratique : les candidat-e-s doivent s’engager sur d’autres manières d’exercer leurs mandats, d’autres rapports entre mandants irréductibles à des électeurs et mandataires irréductibles à des représentants ; le travail législatif porté par les mobilisations sociales et citoyennes doit obliger un exécutif collégial ; le FP doit se déployer et procéder d’assemblées locales sur les lieux de travail et les lieux de vie quotidienne comme autant de dispositifs durables de luttes, mobilisations et de co-élaborations politiques, y compris pour de futures échéances politiques.
Le FP comme tactique de reconquête du pouvoir court à l’échec. L’alternative de l’espoir impose le FP comme une stratégie pour donner le pouvoir au peuple, un facteur d’hégémonie culturelle et un formidable vecteur de nouveaux communs sources de changements désirables et souhaitables, de ruptures émancipatrices et de bifurcations écologiques. Cela appelle l’implication de chacun-e de nous.
Retrouvez l’interview de Michèle Riot-Sarcey sur le site de Cerises la Coopérative :
La démocratie
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