Edito.

L’Humeur de la rédaction.

Révolution conservatrice

E Macron n’a pas procédé à un simple remaniement ministériel. Il a opéré un tournant politique. « Je ne veux pas de gestionnaires, je veux des révolutionnaires ». Entendez : je veux plus de radicalité et d’audace dans ma révolution conservatrice. Après la loi immigration qui rompt avec nos principes constitutionnels d’égalité des droits, des ministres ont été envoyés en éclaireurs pour poursuivre cette nouvelle feuille de route.

Les propos d’Amélie Oudéa Castéra sur l’École ont pu apparaître comme personnels et maladroits. Mediapart révèle que la ministre était prévenue à l’avance qu’elle serait interrogée sur son choix du privé pour ses enfants. C’est donc volontairement qu’elle formule une réponse qui, de fait, attaque l’École publique et son principe égalitaire et livre les enseignants, ces « privilégiés » toujours absents, à la vindicte populaire. Le lendemain Rachida Dati renchérit en s’attaquant au monde la culture, ces « privilégiés » coupés des couches populaires. Après les immigrés, les enseignants et les gens de culture sont les nouveaux boucs émissaires. Qui seront les suivants ?

Une ligne brune est franchie : nous n’avons plus seulement affaire à une démarche électoraliste qui cherche à prendre des voix à l’extrême- droite, mais à un alignement idéologique sur cette dernière. Ainsi le gouvernement Macron tend à se rapprocher des régimes autoritaires dans le monde dont certains n’hésitent plus à attaquer l’État de droit et les droits de l’homme, à l’instar de l’anarcho-capitaliste Milei (Argentine) ou de Netanyahou qui commet un génocide et viole le droit international en toute impunité. Le capitalisme en crise n’a visiblement pas d’autre alternative que la brutalité et le chaos.

Avec Amélie Oudéa Castéra, ancienne dirigeante d’AXA et de Carrefour notamment, ce sont les multinationales et le MEDEF qui gouvernent directement le pays. Pour eux, l’État n’est plus au service de l’égalité des droits ; il devient l’outil de la mise au pas du peuple, de la déconstruction de ses repères sociaux et idéologiques et la mainmise des affaires sur la chose publique.

Il est urgent de s’opposer à ce redéploiement mortifère de la domination des puissances d’argent avant qu’il ne soit trop tard. A la veille du sommet de Davos, l’ONG OXFAM s’indigne « Nous ne pouvons pas continuer avec ces niveaux d’inégalités obscènes ». Elle souhaite que les États cessent de se mettre au service des milliardaires qui ont vu leur fortune doubler depuis 2020 au détriment de la majorité des habitants de la planète.

Josiane Zarka

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